GESTION-Les États-Unis de Trump à l'épreuve des marchés en 2025-Carmignac
information fournie par Reuters 04/12/2024 à 13:33

Les marchés obligataires pourraient forcer Donald Trump à adapter sa politique en 2025, tandis que la forte valorisation des actifs américains doit inciter à la prudence, estime mercredi Carmignac qui juge par ailleurs que la crise budgétaire française pourrait mener à un choc plus large.

"L'inflation a été la goutte de trop pour l'électeur américain, et Donald Trump en est bien conscient", résume Raphaël Gallardo, chef économiste de Carmignac.

Or, si le président se montrait populiste "dès le premier jour", durcissant politique migratoire et commerciale, la hausse du dollar et l'inflation persistante frustreraient l'électeur américain, détaille l'économiste.

Pour conserver sa majorité à l'approche des élections de mi-mandat, le président devra donc faire passer l'équivalent d'un point de PIB de baisses d'impôts, selon Carmignac, dans un contexte économique bien différent de celui de son premier mandat.

L'écart de production est ainsi positif en 2024, signe que l'économie est déjà inflationniste, les taux réels atteignent 2% (contre 0,1% en 2016) et le déficit s'est creusé de 2,8% du PIB à 6,4%.

Dans ce contexte, les marchés obligataires se montreront plus vigilants et contraindront les marges de manœuvre de Donald Trump.

"De populiste, Trump deviendrait 'disrupteur' et chercherait alors à externaliser les coûts d'ajustement budgétaire au reste du monde", résume Raphaël Gallardo.

Cette externalisation prendrait la forme d'une baisse concertée du dollar, sur le modèle des accords du Plaza de 1985, d'une "répression financière" des alliés des États-Unis - forcés d'acheter de la dette américaine à des conditions défavorables- ou encore de la fin de l'indépendance de la Réserve fédérale, imagine l'économiste.

Dans ce contexte, la prudence est de mise sur les actions américaines, elles aussi confrontées à une forme d'"exceptionnalisme", constate Carmignac.

"En 2025, les marchés américains devraient poursuivre leur surperformance, qui s'élargirait des valeurs technologiques au reste des actions américaines et en particulier aux petites capitalisations, dont les taux d'imposition effectifs sont élevés", explique Kevin Thozet, membre du comité d’investissement du groupe.

La hausse des taux souverains, en particulier sur la partie longue, et l'inflation persistante pourraient toutefois faire trébucher les actifs américains, prévient Kevin Thozet.

L'Europe, très décotée par rapport aux États-Unis, peut offrir de la diversification sur les actions.

Le crédit à haut rendement européen profiterait par ailleurs de facteurs techniques toujours favorables l'année prochaine, l'offre devant demeurer supérieure à l'offre, et offrir un niveau de portage intéressant.

FRANCE

Raphaël Gallardo alerte par ailleurs sur la situation budgétaire de la France, "passager clandestin de la zone euro", et qui fait peser le risque d'une crise européenne plus large alors que les défis auxquels est confronté le bloc se multiplient.

"La France est essentielle pour relancer la machine européenne. Un sursaut politique à l'échelle du bloc ne pourra venir que d'une résolution des problèmes hexagonaux", résume Raphaël Gallardo.

Au-delà du bloc monétaire, la dette française est détenue à hauteur de 55% par des investisseurs étrangers, tandis que l'importance des banques hexagonales dans les activités de prêts à l'étranger - qui totalisent 3.800 milliards de dollars, selon la Banque des règlements internationaux - fait peser le risque d'une contagion du risque français à l'échelle mondiale, estime Carmignac.

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)