GESTION 2020-Attention aux risques inconsidérés sur le crédit-Amundi

information fournie par Reuters 07/01/2020 à 13:12
    PARIS, 7 janvier (Reuters) - L'horizon reste dégagé sur le
marché du crédit mais les perspectives à moyen terme sont
lourdes de menaces, au premier rang desquelles figure
l'endettement élevé des entreprises américaines, dit-on chez
Amundi.
    Pour l'instant, tout va plutôt bien avec des fondamentaux
économiques robustes et des risques à la baisse sur les fronts
du commerce et du Brexit, a déclaré Rick Deutsch, responsable de
la recherche crédit pour le numéro un européen de la gestion
d'actifs, lors d'une conférence organisée mardi à Paris par
l'agence de notation Fitch Ratings.
    Les grandes banques centrales contribuent à la relative
sérénité du climat en maintenant leurs taux à des niveaux très
bas et en augmentant la taille de leur bilan, a-t-il ajouté.
    L'avenir, cependant, est plus incertain, selon lui.
    "Si le cycle du crédit était une journée, il serait trois ou
quatre heures de l'après-midi", a-t-il dit. "Il faut distinguer
le temps qu'il fait du temps qu'il va faire. Le soleil ne va pas
 briller pour toujours".
    La posture accommodante des banques centrales a son revers
puisqu'elle favorise l'endettement des entreprises, notamment
aux Etats-Unis, a-t-il fait valoir.
    "La dette des entreprises américaines croît plus vite que
les profits et plus vite que le produit intérieur brut, ce qui
n'est pas du tout une bonne tendance", a-t-il dit.
    
    TENSIONS SUR LE "HIGH YIELD" 
    La situation est moins préoccupante en Europe, où il est
cependant très difficile d'intégrer les risques dans les cours
en raison du soutien permanent promis par la Banque centrale
européenne, a-t-il poursuivi.
    "Il y a un risque de voir se mettre en place une culture de
la dépendance aux politiques des banques centrales", a-t-il dit.
"Et s'il y a un problème aux Etats-Unis, il y aura
nécessairement une forme de contagion à l'Europe."
    Les bas coûts d'emprunt poussent les entreprises à
s'endetter, avec un encombrement de la partie basse de l'échelle
du crédit classé en catégorie investissement par les agences de
notation ("investment grade").
    S'il ne voit pas de risque immédiat se profiler sur cette
classe d'actifs, Rick Deutsch met en garde sur des tensions
possibles dans la catégorie inférieure, celle de la dette à haut
rendement ("high yield"). 
    La rareté du rendement dans l'univers obligataire pousse de
plus en plus d'investisseurs à s'aventurer dans le crédit de
basse qualité, a-t-il souligné. 
    Un accident conduisant à un réajustement des prix pourrait
être lié à l'endettement des entreprises américaines mais aussi
à d'autres facteurs comme un ralentissement de la croissance des
Etats-Unis, un emballement du conflit commercial avec la Chine
ou une détérioration de la consommation, qui résiste pour
l'instant à un déclin du secteur manufacturier, a-t-il énuméré.
    "Nous ne pensons pas que cela va se passer dans les neuf
prochains mois mais nous sommes plus inquiets pour la suite",
a-t-il dit.
    Dans ce contexte, Rick Deutsch recommande aux investisseurs
de rester investis mais sur un horizon relativement court et en
prêtant attention aux fondamentaux des actifs qu'ils achètent.
    "Il faut rester sur le marché mais il ne faut pas jouer les
héros", a-t-il conseillé. "Il faut acheter des actifs qui
peuvent supporter une marge d'erreur et survivre à un accident
de parcours."
    
    LE POINT sur les perspectives de marché 2020 des gérants et
analystes  
    

 (Patrick Vignal, édité par Marc Angrand)