GB-La BoE prévoit une croissance nulle au T2, observe le statu quo
information fournie par Reuters 20/06/2019 à 14:30
(Actualisé avec des précisions, commentaires) par Andy Bruce et William Schomberg LONDRES, 20 juin (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a ramené à zéro jeudi sa prévision de croissance de la Grande-Bretagne au deuxième trimestre et mis en avant les risques liés aux conflits commerciaux et aux craintes de voir se produire un Brexit dur. La banque centrale a également décidé de maintenir à 0,75% son taux d'intervention, comme prévu, même si certains membres de la banque centrale estiment qu'il ne faudrait pas tarder à remonter les taux d'intérêt. La BoE a répété pour sa part qu'une hausse des taux devrait intervenir mais qu'elle serait d'ampleur limitée et progressive, en admettant que Londres puisse éviter une sortie sans accord de l'Union européenne (UE). La sortie du Royaume-Uni de l'UE, initialement programmée pour le 29 mars, a été reportée au 31 octobre, sauf si le Parlement vote un accord plus tôt. Ce report supprime le risque immédiat d'un Brexit dur mais prolonge une période d'incertitude dommageable pour les entreprises britanniques. La BoE a pris acte d'une dégradation des perspectives économiques mondiales qui a déjà poussé la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale (Fed) et la Banque du Japon (BoJ) à laisser entendre cette semaine qu'elles étaient prêtes à se montrer très accommodantes si besoin dans l'avenir. "Les tensions commerciales se sont intensifiées au niveau mondial et sur le plan intérieur la probabilité ressentie d'un Brexit sans accord a augmenté", écrit la BoE dans son communiqué. La livre sterling s'est repliée contre l'euro et le dollar en réaction aux annonces de la BoE, tandis que le marché obligataire a monté: le rendement du gilt à 10 ans GB10YT=RR est à un plus bas de séance de 0,80%, en recul de 6,5 points de base. "Tout bien considéré, c'est un peu plus 'colombe' qu'on aurait pu le penser", dit James Smith, économiste d'ING, observant que la banque centrale n'a pas jugé utile d'insister sur le fait que les marchés sous-estiment la probabilité d'une hausse des taux. "Le fait qu'elle dise que le risque perçu d'un Brexit sans accord augmente laisse penser qu'elle pourrait finir par adopter une approche plus prudente que ne pourrait l'induire son discours." STAGNATION AU 2E TRIMESTRE L'économie britannique devrait stagner au deuxième trimestre, prévoit la BoE en évoquant une accumulation de stocks avant la date initiale prévue pour le Brexit fin mars, alors qu'elle anticipait le mois dernier une croissance de 0,2% d'un trimestre sur l'autre. Sur l'ensemble de 2019, la BoE anticipe toujours une croissance de l'économie britannique. Mais un Brexit dur changerait du tout au tout le message du comité de politique monétaire. "S'il n'y a pas d'accord, alors le comité va sans doute changer de ton et soutenir l'économie en réduisant les taux d'intérêt", dit Thomas Pugh, économiste de Capital Economics. La banque centrale observe aussi que les conditions financières se sont assouplies en Grande-Bretagne depuis mai mais ajoute que la situation en matière d'inflation est en demi-teinte: elle explique que les hausses salariales pourraient avoir atteint un plateau alors que le marché du travail reste tendu. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Juliette Rouillon et Marc Angrand)