* Une plateforme clinique "unique au monde"
* L'outil vise à repousser les limites des techniques
opératoires
* Le patient sera mieux traité et plus rapidement
par Gilbert Reilhac
STRASBOURG, 30 septembre (Reuters) - L'institut
hospitalo-universitaire de Strasbourg (IHU), un centre de soins,
de recherche et de transfert de technologies en chirurgie
mini-invasive qui permet de repousser les limites des techniques
opératoires sans ouverture des corps, ouvrira la semaine
prochaine des blocs opératoires futuristes.
"Notre plateforme clinique est unique au monde", dit Jacques
Marescaux, directeur général et initiateur de l'IHU, en évoquant
la capacité qu'elle offrira de "tout analyser pendant
l'intervention, l'IRM, le scanner, les échographies 4D, etc."
Classé premier ex-aequo parmi les six projets d'IHU retenus
en 2011 par le programme gouvernemental des Investissements
d'avenir, il allie la robotique à l'imagerie numérique.
Qu'elles servent à la formation ou aux interventions, les
technologies de l'image sont omniprésentes dans les neuf salles
d'opération dédiées aux pathologies de l'appareil digestif :
écrans aux murs, caméras au plafond, appareils d'imagerie
médicale installés à portée du champ opératoire.
Partenaire et matrice de l'IHU, l'Institut de recherche
contre les cancers de l'appareil digestif (Ircad), que ce
professeur en chirurgie digestive a créé et dirige depuis 22
ans, s'est forgé une réputation internationale en chirurgie
mini-invasive, discipline dans laquelle il a formé 5.200
chirurgiens l'an dernier.
La chirurgie laparoscopique (endoscopie appliquée à la
cavité abdomino-pelvienne), qui consiste à introduire une caméra
et des outils miniaturisés dans le corps du patient par de
simples incisions et par les voies naturelles, suppose une
instrumentation sophistiquée mais également une vision optimale.
RÉALITÉ AUGMENTÉE
Pour passer à une "réalité augmentée", "il fallait que les
machines du département de radiologie migrent dans celui de
chirurgie", souligne Jacques Marescaux.
Le Zeego est, à ce titre, la star du bloc opératoire. Ce
scanner robotisé, qui se présente comme une énorme pince
articulée, peut effectuer en une seconde le tour du patient pour
offrir au chirurgien une image de ses organes en 3 D et qu'il
pourra superposer à celle du champ opératoire.
Siemens SIEGn.DE , qui a conçu cette machine pour la
cardiologie interventionnelle, est l'un des principaux
partenaires de l'IHU, avec Storz, autre entreprise allemande
spécialiste des instruments d'endoscopie.
Les Américains Medtronic MDT.N et Intuitive Surgical
ISRG.O , leader mondial des robots de chirurgie mini-invasive,
dont la dernière version du "da Vinci" équipe l'IHU, ont
installé de leur côté un centre de formation à l'Ircad, qu'une
passerelle et 400 fibres optiques relient au nouvel institut.
Fondation de coopération scientifique, l'IHU strasbourgeois
a été doté d'un capital de 70 millions d'euros par l'Etat mais
dispose d'un budget de 220 millions d'euros sur dix ans,
programme de recherche inclus, avec l'apport du privé.
Le nouveau bâtiment, voisin du nouvel hôpital civil dont il
constitue le pôle de chirurgie hépato-digestive, représente 100
millions d'euros dont 60 en équipements apportés par les
industriels, 40 pour la construction de 13.000 m2 payée par les
collectivités territoriales et les fonds européens.
6.000 PATIENTS PAR AN
Quelque 6.000 patients y seront traités par an et inscrits
dans un protocole de recherche clinique ou médico-économique.
Avec ses partenaires de recherche privés et publics dont
l'Inria (Institut national de recherche en informatique et en
automatique) et ICube (Laboratoire des sciences de l'ingénieur,
de l'informatique et de l'imagerie), l'IHU s'attaque notamment
au développement d'un robot compatible IRM scanner ou d'un robot
d'endoscopie flexible, mais pas seulement.
Il veut également étudier les parcours de soins et le
rapport coût-bénéfice d'une chirurgie de moins en moins
traumatisante mais aux technologies de plus en plus onéreuses.
Un Zeego coûte environ 500.000 euros, un da Vinci dernière
génération, autour de deux millions.
L'IHU ne disposera d'aucune chambre - l'hôpital peut y
suppléer - et privilégiera les parcours ambulatoires, offrant au
patient opéré la possibilité de demeurer 24 ou 48 heures dans un
"hospitel", structure hôtelière adaptée où ses paramètres
médicaux seront surveillés à distance.
"Ce qui est cher, en chirurgie, c'est la complication. On va
facilement prouver qu'avec les thérapies mini-invasives, le
malade va être mieux traité, plus rapidement, avec le moins
d'hospitalisation possible, donc moins de risques de maladies
nosocomiales et moins de complications", dit Jacques Marescaux.
(Edité par Yves Clarisse)