France-175 propositions pour accompagner la dépendance
information fournie par Reuters 28/03/2019 à 15:35
PARIS, 28 mars (Reuters) - Le président du Haut conseil de financement la Sécurité sociale, Dominique Libault, a remis jeudi au gouvernement un rapport contenant 175 propositions pour mieux prendre en charge la perte d'autonomie des personnes âgées, chantier qui fera l'objet d'un projet de loi à l'automne 2019. Le nombre de personnes de 85 ans et plus devrait être multiplié par trois d'ici 2050 pour arriver à 4,8 millions et celui de personnes en situation de dépendance devrait doubler pour arriver à 2,2 millions à cet horizon. La prise en charge doit être entièrement revue, selon Dominique Libault, pour gagner en lisibilité et accessibilité, s'accompagner d'un renforcement de l'attractivité des métiers liés au grand âge ou encore de bénéficier d'un financement accru. Voici les principales propositions du rapport: * TAUX D'ENCADREMENT Augmenter de 25% le taux d'encadrement auprès des personnes âgées en Ehpad (maison médicalisée) d'ici 2024 par rapport à 2015. Cela représente une augmentation de 13 équivalents temps plein (ETP) pour 100 résidents, soit 80.000 professionnels supplémentaires. Cette proposition vise à accroître le temps de présence auprès des résidents pour améliorer les conditions de travail et la qualité de l'accompagnement. Au total, cette mesure représente un effort public de 400 millions d'euros par an dès 2020 et d'1,2 milliard en 2024. * RENDRE LES MÉTIERS PLUS ATTRACTIFS La filière fait face à de grandes difficultés de recrutement : 65% des Ehpad déclarent avoir un poste non pourvu depuis six mois ou plus. Le rapport préconise de mettre en place un "plan national pour les métiers du grand âge" afin de les rendre plus attractifs. Il est nécessaire, selon le texte, de faciliter l'accès aux métiers et d'ouvrir des perspectives de carrière, ainsi que de revaloriser les grilles salariales. * RÉNOVER LES EHPAD Le rapport propose de consacrer trois milliards d'euros sur dix ans à la rénovation des Ehpad, lesquels n'ont pas été rénovés depuis 25 ans dans 23% des cas. Il préconise également la fusion des sections tarifaires "soins" et "dépendance" afin qu'il n'y ait plus qu'un interlocuteur principal de financement pour les établissements, l'assurance maladie, ce qui permettrait de gagner en efficacité. * CONSOLIDER L'OFFRE À DOMICILE Le rapport veut encourager le maintien à domicile et préconise donc de mieux rémunérer les salariés en instaurant un prix plancher de 21 euros pour la tarification des services d'aides et d'accompagnement à domicile (SAAD). Le maintien à domicile doit pouvoir être conjugué à des hébergements temporaires en établissement, par exemple en sortie d'hospitalisation, ou pour des séjours de jour et de nuit. Une nouvelle "prestation autonomie" à domicile pourrait remplacer l'allocation personnalisé d'autonomie (APA) pour mieux distinguer aides humaines, aides techniques, répit et accueil temporaire. * DIMINUTION DE 300 EUROS DU RESTE À CHARGE Le rapport liste plusieurs mesures diminuant le reste à charge pour les revenus modestes. Il propose notamment une prestation de 300 euros par mois pour les personnes dont les revenus se situent entre 1.000 et 1.600 euros, ce qui concernerait 35% des résidents des Ehpad. Il estime que l'assurance maladie devrait financer la quasi totalité du reste à charge pour les publics en perte d'autonomie lourde, en Ehpad depuis plus de quatre ans, un dispositif, qui représenterait un gain moyen pour ces familles de 740 euros. Le rapport propose également d'augmenter de 50 euros l'Aide sociale à l'hébergement (ASH). * AIDE POUR LES AIDANTS La mission estime qu'il est nécessaire de mieux reconnaître le rôle des 3,9 millions d'aidants, en facilitant leurs démarches administratives, en leur permettant une meilleure conciliation vie professionnelle/rôle d'aidant, en proposant davantage de solutions de répit, ou encore en leur apportant un soutien financier. Il est, à ce titre, proposé d'instaurer une indemnisation du congé de proche aidant financé par la solidarité nationale, similaire à l'allocation journalière de présence parentale (AJPP) qui est d'environ 53 euros par jour. (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)