Euroapi : comptes semestriels dégradés et confirmation des objectifs annuels information fournie par AOF 30/07/2024 à 18:10
(AOF) - Au premier semestre, Euroapi a essuyé une perte nette de 34,8 millions d’euros contre un profit de 62,89 millions d’euros, un an plus tôt. Le core Ebitda a chuté de 23,8% à 47,6 millions d’euros, faisant ressortir une marge de 10,6%, en baisse par rapport aux 12,6% du premier semestre 2023. "L’augmentation des prix et du mix produit, l’amélioration de la performance industrielle et l’impact de la révision des clauses commerciales contractuelles avec Sanofi au cours de la période ont partiellement compensé l’absorption défavorable des coûts fixes", a précisé la société.
Le chiffre d'affaires du spécialiste des principes actifs a atteint 448,7 millions d'euros, en baisse de 9,6%. Il a été pénalisé "par la forte baisse des volumes de Sanofi et la suspension de la production à Brindisi, qui ont occulté la dynamique positive des ventes aux clients autres que Sanofi", précise le groupe.
Objectifs 2024 confirmés
"Grâce à un plan global de remédiation, nous allons reprendre les livraisons et la production à Brindisi dans les prochaines semaines", a déclaré Ludwig de Mot, directeur général d'Euroapi. "Confiants dans la réussite collective de notre plan, nous sommes en discussions avancées avec nos parties prenantes pour finaliser le financement de Focus-27 dans les prochaines semaines, ce qui ouvrira la voie à une croissance rentable à long terme".
Euroapi table sur 8% à 11% de baisse du chiffre d'affaires en 2024 par rapport à 2023 sur une base comparable et sur 4% à 7% de marge de Core Ebitda.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/ Points-clé /=
- L’un des leaders mondiaux des principes actifs pharmaceutiques -(n° 1 dans les petites molécules, 2ème dans les API combinant petites et grosses molécules et 7ème dans les molécules innovantes), créé en décembre 2021 par séparation de Sanofi ;
- Revenus de 1 Md€, répartis entre API Solutions pour 72 % et CDMO (plateformes Contract Development and Manufacturing Organisation) ;
- Modèle d’affaires fondé sur une stratégie commerciale d’expansion dans de nouveaux marchés et visant à devenir un partenaire de référence des pharmaceutiques et biotech ;
- Capital détenu à 29,8 % par Sanofi et 5,5 % par BPIFrance,, tous deux s’étant engagés à conserver leurs actions jusqu’en 2025,, Viviane Monges présidant le conseil d’administration de 12 membres et Lutwig de Mot étant directeur général.
=/Enjeux/
- Agilité du modèle d’affaires portée par un comité exécutif remanié, resserré en charge du plan Focus 27 :
- simplification de l’organisation et rationalisation de l’empreinte industrielle,
- rotation du portefeuille d’API contenant 200 principes actifs : arrêt de 13 d’entre elles, aux marges faibles ou négatives et concentration sur les API les plus rentables ou différenciées - vitamine B12, prostaglandines, peptides ou oligonucléotides,
- suivi strict du fonds de roulement via la réduction des stocks (140 M€ d’économies visées durant la période 2024-2027) ;
- innovation axée sur les molécules innovantes avec 30 projets en cours ;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2050 ;
- 2 étapes : 100 % des sites alimentés par des énergies renouvelables en 2025, réduction de 30 % de réduction des émissions de CO2 en 2035 (vs 2020),
- technologies de réduction de l’empreinte et investissements dans la biomasse ; Portefeuille étendu de 200 références, dont 55 % différentielles et complexes, avec lancement attendu en 2025 d’une offre combinée d’oligonucléotides et de peptides ;
- Bilan dégradé avec 900 M€ de capitaux propres et une dette nette septuplée à 171 M€ en cours de restructuration : extension de la durée du Contrat de Crédit RCF de 451 M€, suivie d’un investissement par Sanofi dans une obligation hybride subordonnée de 200 M€ et paiement à venir par Sanofi de 54 M€ pour réserver des disponibilités pour certains produits fabriqués par EUROAPI.
=/Défis/=
- Forte défiance des investisseurs (capitalisation réduite des ¾ depuis septembre 2023) en raison des difficultés persistantes du site italien de Brindisi) ayant conduit à de fortes dépréciations d’actifs, elles-mêmes induisant des pertes croissantes depuis 3 ans ;
- Remontée de la marge opérationnelle, inférieure de plus de la moitié à celle de ses concurrents européens –Lonza, Siegried, Bache et PolyPeptide ;
- Après fermeture en mars 2024 du site italien de Brindisi, reprise de la production attendue au 3 ème trimestre avant désinvestissement du site d’ici 2027, ainsi que de celui de Haverhill ;
- Forte sensibilité boursière à l’obtention de nouveaux contrats réduisant la dépendance à Sanofi (47 % des revenus) ;
- Après une perte plus que décuplée en 2023, révision des prévisions 2024 : recul de 8 à 11 % des revenus, marge opérationnelle de 4 à 7 % après une reprise au 2 nd semestre ;
- Stratégie 2027 : 75 à 80 M€ de bénéfice opérationnel supplémentaire par an d'ici fin 2027, investissements de 350 à 400 M€ dans les augmentations des capacité des production de grosses molécules, de vitamine B12, de prostaglandines et d’opiacés et, enfin, coûts de restructuration de 110 à 120 M€ entre 2024 et 2027 ;
- Aucun dividende servi depuis 5 ans.
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L'oncologie, priorité des géants pharmaceutiques
La déconvenue boursière de Sanofi enregistrée fin octobre 2023 souligne le nouveau cap pour le groupe, qui a dorénavant fixé l'oncologie comme priorité numéro 1. Les efforts sur ce segment, où les thérapies avancent le plus vite, impliquent notamment des investissements en R&D qui pèsent sur la rentabilité. Sanofi a donc annoncé une baisse de son bénéfice par action en 2024 et l'abandon de son objectif d'une marge opérationnelle de 32 % en 2025. Merck vient, lui, de dévoiler une nouvelle alliance. Il va verser jusqu'à 22 milliards de dollars au groupe japonais Daiichi Sankyo dans le cadre d'un partenariat sur des traitements expérimentaux contre le cancer. Si certains experts estiment que les États-Unis représentent près de la moitié des dépenses mondiales d'oncologie (médicaments et traitements), soient 196 milliards de dollars en 2022, les dépenses chinoises dans ce domaine ont plus que doublé en cinq ans, passant de 5 à 11,8 milliards de dollars.