Encadré: Réactions d'investisseurs et analystes aux droits de douane annoncés par Trump information fournie par Reuters 03/02/2025 à 13:36
Le président américain Donald Trump a imposé de nouveaux droits de douane de 25% sur les marchandises en provenance du Mexique et du Canada et de 10% sur les importations en provenance de Chine, suscitant des inquiétudes quant à d'éventuels droits de douane sur les importations de l'Union européenne (UE) également.
Voici quelques commentaires d'investisseurs et d'analystes :
MICHAEL GAPEN, CHEF ÉCONOMISTE US CHEZ MORGAN STANLEY
"Si les droits de douane sont mis en œuvre avec des exceptions significatives pour certains produits, ou si une résolution rapide des tensions commerciales apparaît probable, les effets sur l'économie et les marchés pourraient être beaucoup plus modérés. Dans ce cas, les impacts se concentreraient sur certains secteurs clés, peut-être ceux qui ont déjà été sous pression en raison des risques tarifaires en cours".
"Des droits de douane importants et durables ne semblent pas être dans les prix des marchés clés".
DOMINIC WILSON, DIRECTEUR CHEZ GOLDMAN SACHS
"Ces annonces auront probablement un impact négatif sur les actions, en particulier compte tenu de leurs valorisations élevées. Bien que l'impact direct des droits de douane annoncés sur la croissance américaine soit encore assez modeste, le risque est que ces changements de politique amplifient les inquiétudes sur l'évolution de la politique commerciale et de potentielles représailles".
"Nous favorisons les stratégies qui bénéficieraient d'une importance plus marquée accordée par la Fed à son mandat sur l'inflation à court terme et d'une hausse des inquiétudes sur la trajectoire de la croissance américaine à moyen terme".
CARSTEN BRZESKI, RESPONSABLE DE LA MACRO CHEZ ING
"Près de la moitié des importations américaines seront affectées par des droits de douane plus élevés, ce qui pourrait perturber les chaînes d'approvisionnement et avoir un impact significatif sur les économies américaine, canadienne et mexicaine".
"À court terme, les droits de douane supplémentaires pourraient légèrement stimuler les dépenses, les consommateurs accélérant leurs achats pour éviter les droits de douane. Toutefois, la compression des revenus des ménages, en particulier des familles à faible revenu, deviendra perceptible au cours des prochains mois".
SYLVAIN BERSINGER, CHEF ÉCONOMISTE CHEZ ASTERÈS
"Cette véritable déclaration de guerre commerciale, envers notamment des pays alliés et partie prenante d’un accord de libre-échange, marque une rupture dans les relations commerciales. Tous les pays concernés seront négativement impactés par cette brutale hausse de droits de douane, mais le Canada et le Mexique seront plus pénalisés que les États-Unis et la Chine".
"Répondre aux droits de douane par d’autres droits de douane n’est pas la meilleure stratégie d’un point de vue strictement économique. Mais ces pays (le Canada et le Mexique) peuvent être poussés à prendre des mesures de rétorsion, soit symboliquement vis-à-vis de leurs opinions publiques, soit pour inciter Donald Trump à faire machine arrière. S’ils veulent répliquer aux droits de douane américains, une stratégie plus pertinente que des droits de douane peut être de bloquer des exportations stratégiques".
ARNAUD GIROD, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE CHEZ KEPLER CHEUVREUX
"Les marchés pourraient commencer à s'interroger sur l'impact sur les entreprises et le sentiment des consommateurs en général (de ces mesures), y compris aux États-Unis. Comme l'a souligné Scott Bessent dans son plaidoyer pour des droits de douane progressifs, les consommateurs et les chefs d'entreprise ont besoin de visibilité pour prendre des décisions importantes".
"Si les droits de douane sont maintenus et que les discussions se durcissent, les marchés opteront pour une position "averse au risque", ce qui affectera les actions et favorisera les liquidités, probablement d'un processus progressif plutôt que d'une liquidation sur une séance".
GEORGE SARAVELOS, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE SUR LES CHANGES CHEZ DEUTSCHE BANK
"L'éclatement effectif de la zone commerciale (nord-américaine) place les fabricants américains dans une situation de grave désavantage concurrentiel par rapport à leurs concurrents internationaux. Par extension, la pression économique exercée sur les États-Unis pour qu'ils étendent le mur tarifaire à d'autres producteurs étrangers bénéficiant encore de chaînes d'approvisionnement intégrées deviendra très forte".
"Indépendamment de ce qui se passera dans les prochains jours, le marché devra maintenir une prime de risque structurellement plus élevée dans toutes les classes d'actifs, y compris le dollar, pour refléter les risques une guerre commerciale à court terme".
PHILIP MAREY, STRATÉGISTE US CHEZ RABOBANK
"À court terme, les droits de douane sont inflationnistes et perturbent les chaînes d'approvisionnement. À long terme, si les droits de douane sont maintenus à des niveaux prohibitifs, ils pourraient contraindre les producteurs étrangers à délocaliser une partie de leur production aux États-Unis. Cela se fera à un coût plus élevé, car les avantages comparatifs qui existent sur le continent nord-américain ne sont plus pleinement exploités".
"Trump a mis fin à l'illusion des marchés, des médias et des politiques selon laquelle ses menaces tarifaires devaient être prises avec un peu de distance".
JOHN PLASSARD, DIRECTEUR CHEZ MIRABAUD
"Ces droits de douane ne sont pas de simples ajustements commerciaux : il s'agit d'une déclaration de guerre économique destinée à forcer les principaux partenaires commerciaux des États-Unis à se plier à la volonté de Washington".
"Si la stratégie de M. Trump mise sur un effet de levier à court terme, le coût à long terme - pour les États-Unis et leurs alliés - pourrait être bien plus élevé que prévu".
ALEXANDRE BARADEZ, RESPONSABLE DE L’ANALYSE MARCHÉS CHEZ IG FRANCE
"Ces annonces commerciales interviennent au moment où la Fed a décidé de faire une pause sur ses baisses de taux".
"Nous sommes peut-être entrés dans une phase de volatilité plus durable pour les marchés américains dont les niveaux de valorisation sont désormais incompatibles avec l’ensemble de ces risques : inflation collante, pause dans les baisses de taux de la Fed, concurrence chinoise sur l’IA et désormais guerre commerciale".
SEBASTIAN PARIS-HORVITZ, DIRECTEUR DE LA RECHERCHE CHEZ LBPAM
"Le reproche essentiel fait à ses partenaires est de ne pas assez contrôler l’immigration et surtout l’entrée de drogues aux Etats-Unis. A ce stade, il est difficile de comprendre ce qui est négociable et quand un retour à la normale peut être envisagé".
"Si les mesures prises étaient maintenues pour une longue période, l’impact sur l’inflation et la croissance aux Etats-Unis serait notable. Le plus fort impact serait évidemment pour le Mexique vu l’intégration très importante avec les Etats-Unis. Le ratio brut des exportations mexicaines aux Etats-Unis est de près de 30% du PIB".
FLORIAN IELPO, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE MACRO CHEZ LOMBARD ODIER IM
"Les répercussions de ces tarifs sont profondes. Un tarif de 10% se traduit typiquement par environ 1% d'inflation supplémentaire en raison de la hausse des prix importés, une contraction de 1,2% du commerce mondial, et une réduction d'environ 80 points de base du PIB mondial".
"Le paysage économique et financier se prépare à une incertitude continue alors que ces politiques tarifaires se déploient. Pour le moment, les marchés traitent la nouvelle comme mauvais pour les profits avant même d’être inflationnistes".
DUSTIN REID, STRATÉGISTE EN CHEF CHEZ MACKENZIE FINANCIAL
"Cela est assez négatif pour les actions et d'autres actifs risqués. Si les droits de douane sont appliqués comme cela semble probable aujourd'hui, ils auront un impact très important sur les niveaux de prix aux États-Unis très rapidement".
MARK MALEK, DIRECTEUR DES INVESTISSEMENTS CHEZ SIEBERT FINANCIAL
"Jusqu'à présent, le marché a été du côté de Trump, mais cela pourrait changer et le marché pourrait le défier pour la première fois. Ces inconnues vont perturber le marché, cela ne fait aucun doute".
(Compilé par Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)