Elections au Venezuela: écrasante victoire de Maduro, en l'absence de l'opposition information fournie par AFP 26/05/2025 à 06:53
Le parti du président vénézuélien Nicolas Maduro a remporté dimanche une écrasante victoire aux élections législatives et régionales, marquées par l'arrestation de 70 personnes et un boycott par la majorité de l'opposition, dix mois après une présidentielle entachée de fraudes selon elle.
D'après les chiffres officiels du Conseil national électoral (CNE) diffusés dans la soirée, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) a remporté 23 des 24 postes de gouverneur, ne laissant que l'Etat de Cojedes (centre-ouest) à l'opposition.
La coalition de M. Maduro a obtenu 82,68% des suffrages au niveau des listes nationales du scrutin législatif, dans l'attente du dépouillement des résultats de chaque circonscription, a indiqué le CNE.
La participation a été d'un peu plus de 42% alors que l'opposition assure que les bureaux de vote ont été peu fréquentés.
Des journalistes de l'AFP à Caracas et en province ont observé une faible fréquentation des bureaux de vote. Un sondage Delphos avant le scrutin situait la participation autour 16% des 21 millions d'électeurs.
Parmi les 70 personnes arrêtées avant le scrutin figure Juan Pablo Guanipa, dirigeant de l'opposition proche de la leader Maria Corina Machado, interpellé vendredi et accusé d'appartenir à un "réseau terroriste" qui cherchait à "saboter" les élections de dimanche.
Plus de 400.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés pendant la journée. Les troubles post-électoraux de la présidentielle du 28 juillet s'étaient soldés par 28 morts et 2.400 arrestations. Seules 1.900 personnes ont été libérées depuis.
"Cette victoire est la victoire de la paix et de la stabilité de tout le Venezuela", a exulté M. Maduro devant ses partisans.
Et d'ajouter: "Aujourd'hui, la Révolution bolivarienne a démontré qu'elle est plus actuelle et plus forte que jamais. Aujourd'hui, nous avons démontré le pouvoir du chavisme", le mouvement fondé par Hugo Chavez dont il est l'héritier.
- "Déclaration silencieuse" -
"C'est un processus de participation citoyenne important", a estimé Samadi Romero, universitaire de 32 ans qui a voté pour Nicolas Maduro Guerra, le fils du président, tête de liste à Caracas.
"Je ne vais pas voter parce que j'ai voté le 28 juillet et ils ont volé les élections. C'est vraiment une farce", a affirmé à San Cristobal Candelaria Rojas Sierra, fonctionnaire retraitée de 78 ans, en allant à la messe "prier pour le Venezuela".
"Ce que le monde a vu aujourd'hui, c'est (...) une déclaration silencieuse, mais percutante, que le désir de changement, de dignité et d'avenir reste intact", a écrit sur les réseaux sociaux depuis son exil Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle de juillet.
Pendant la soirée, Mme Machado a estimé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que l'opposition avait "démasqué cette grande farce" et a, comme par le passé, lancé un appel à l'armée, clé de voûte du pouvoir de M. Maduro: "Le pays exige (des militaires) qu'ils remplissent leur devoir constitutionnel et soient garants de la souveraineté populaire, c'est le moment d'agir".
L'opposant Henrique Capriles, qui a été élu sur la liste nationale, a lui défendu sa participation au scrutin: "Qu'est-ce qui est mieux? Avoir une voix et lutter au sein du l'Assemblée nationale ou, comme nous l'avons fait à d'autres occasions, se retirer du processus électoral et laisser entièrement l'Assemblée au gouvernement?".
- Représentants pour l'Essequibo -
Le pouvoir a revu le découpage électoral pour faire élire un gouverneur et huit députés pour l'Essequibo, région riche en pétrole que Caracas dispute au Guyana dans le cadre d'un différend datant de l'époque coloniale. Le représentant du pouvoir l'amiral Neil Villamizar a été élu gouverneur.
Le vote a eu lieu dans un micro-circonscription de 21.000 votants à la frontière guyanienne. Il n'y a pas de bureaux de vote sur le territoire de 160.000 km2 administré par Georgetown.
Le président du Guyana Irfaan Ali a affirmé mercredi à l'AFP qu'il s'agissait "d'une menace".
"Irfaan Ali, président du Guyana (...) plus tôt que tard devra s'asseoir avec moi pour discuter et accepter la souveraineté vénézuélienne", a déclaré dimanche M. Maduro, promettant de "récupérer" l'Essequibo.