par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain
PARIS, 9 octobre (Reuters) - Le fabricant Devialet, réputé
pour ses enceintes haut de gamme, espère faire décoller ses
ventes avec le lancement d'une nouvelle gamme de produits plus
compacts et moins chers, misant sur sa technologie maison pour
tenter de se distinguer dans la profusion des enceintes
connectées.
Aperçues dans le bureau d'Emmanuel Macron à l'Elysée,
recommandées par la star du rap américain Jay Z, exposées à
l'Opéra de Paris, les enceintes "Phantom" du Français ont
conquis depuis fin 2014 nombre de "happy few", séduits par une
qualité de son inédite associant la puissance du numérique à la
fidélité de l’analogique.
Cette technologie brevetée d'amplification hybride (ADH) a
valu à la start-up de nombreuses distinctions, le soutien de
parrains prestigieux (Xavier Niel, Bernard Arnault) et lui a
ouvert les portes de distributeurs élitistes à l'image des
magasins Apple AAPL.O .
Pour franchir une nouvelle étape, la start-up parisienne née
il y a une dizaine d'années, veut conquérir le grand public en
amorçant une démocratisation de son produit vedette.
Version mini de la Phantom d'origine, le "Phantom Reactor"
est quatre fois plus petit et peut atteindre une puissance
allant jusqu'à 900 watts pour un prix commençant à 990 euros
quand il fallait jusque-là débourser entre 1.500 et 2.500 euros.
L'objectif est de passer de quelques dizaines de milliers de
ventes par an à quelques centaines de milliers, a expliqué à
Reuters le nouveau directeur général Franck Lebouchard.
"Cela le met en haut du marché des enceintes mais beaucoup
plus abordable que n'importe quel produit Devialet", a expliqué
cet ancien de McKinsey passé par Castorama et les cinémas
Gaumont Pathé qui a succédé en mars au cofondateur Quentin
Sannié à la tête du groupe.
"Il n'y a pas de comparable sur le marché aujourd'hui", a
ajouté le directeur général, en assurant s'inscrire dans la
lignée de la stratégie déployée par Quentin Sannié qui n'occupe
plus de fonctions opérationnelles dans la société dont il reste
actionnaire.
La miniaturisation du produit a nécessité trois ans de
travail aux ingénieurs de Devialet qui a ouvert une nouvelle
usine près de Fontainebleau.
Elle devrait faciliter la vente de l'appareil par des
distributeurs jusque-là freinés par son prix élevé et les
conditions exigeantes d'écoute demandées par Devialet.
De 460 points de vente, Devialet, qui vend 70% de ses
produits à l'étranger, espère passer à un millier d'ici six mois
même s'il ne pourra plus compter sur les magasins Apple qui
commercialise une enceinte connectée maison baptisée "HomePod".
Pour Franck Lebouchard, la prolifération de ces enceintes
intelligentes devenues les couteaux suisses de la maison, ne
constituent pas une menace pour Devialet car elles répondent à
des besoins différents, le Français se plaçant exclusivement sur
le terrain du son.
Devialet, qui ne communique ni ses résultats financiers ni
ses chiffres de vente, conduit en parallèle des partenariats de
licence, notamment dans les décodeurs TV avec le britannique Sky
SKYB.L ou avec Renault RENA.PA pour un prototype de voiture.
Le fabricant pourrait équiper la future box du numéro deux
du fixe en France Free (Iliad ILD.PA ), fondé et contrôlé par
Xavier Niel.
(Edité par Jean-Michel Bélot)