Des banques centrales condamnées à une fuite en avant
Chef économiste chez Natixis, Patrick Artus est connu pour ses positions tranchées et parfois iconoclastes. Âgé de 64 ans, diplômé de Polytechnique, de l’Ensae et de Sciences-Po, il est professeur d’économie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Il est l’auteur, entre autres, de Comment nous avons ruiné nos enfants (La Découverte, 2006) et La France sans ses usines (Fayard, 2011).
Le Revenu : Dans votre dernier ouvrage, vous démontrez à quel point l’inondation monétaire est un échec pour relancer la croissance.
Patrick Artus :
La liquidité mondiale – monnaie créée par les banques centrales – représente aujourd’hui près de 30% du PIB mondial, contre 6% à la fin des années quatre-vingt-dix. Or cette création monétaire destinée à relancer la croissance a d’autant moins de sens que la crise actuelle n’est pas cyclique, mais due à des problèmes structurels. À savoir : le recul des gains de productivité dans tous les pays de l’OCDE (lié à un mauvais usage des nouvelles technologies, à l’inadéquation entre formation et emploi, à la baisse du poids de l’industrie où la productivité est plus élevée…) et le vieillissement démographique. S’y ajoutent des facteurs spécifiques à certains pays, comme l’appauvrissement de la classe moyenne aux États-Unis et au Japon.