Déflation, Grèce, pétrole... Les marchés s'interrogent

information fournie par Boursorama 15/12/2014 à 19:40

La chute des cours du pétrole accentue les risques de déflation.

Les craintes de déflation en Europe et le retour possible du risque souverain entretiennent la fébrilité actuelle des Bourses européennes. Mais la baisse des prix du pétrole et du niveau de l’euro pourraient favoriser ces marchés l’an prochain.

L'année 2014 s’achève en Europe sur une note très incertaine. La semaine passée, Paris a dévissé de près de 7% pendant que Francfort abandonnait près de 5% et surtout Athènes plongeait de 20% . Lundi, la baisse s’est poursuivie. Le Cac 40 abandonnait encore 2,52%, le Dax perdait 2,72% alors que l’indice grec Athex Composite se reprenait timidement de 1,45%. En cause, la peur de la déflation accentuée par la chute des prix du pétrole. La déflation est en effet particulièrement redoutée car il est très difficile d’en sortir. Le Japon en sait pour quelque chose pour y être tombé au début des années 1990 sans parvenir à s’en extraire durablement. Cette baisse généralisée des prix et des salaires amènerait les ménages à repousser leurs décisions d’achat en anticipant de nouvelles baisses de prix, créant un cercle vicieux très préjudiciable pour l’économie du pays touché. Alors que la croissance 2014 est estimée à +1,1% en zone euro selon les économistes d’Axa Investment Managers (IM), elle devrait stagner à +0,9% en 2015 .

Dans ce contexte de croissance atone, le réveil des tensions politiques à Athènes survenue avec l’annonce d’une élection présidentielle anticipée fait paniquer à nouveau les investisseurs. Et si le « Grexit »  (sortie de la Grèce de la zone euro) revenait au goût du jour ? Syriza, le parti de la gauche radicale, pourrait remporter les élections législatives anticipées programmées dans la foulée et remettre en cause le programme des réformes engagées sous l’égide de la Troïka. Ce retour potentiel du risque souverain pourrait relancer la volatilité dans des conditions extrêmes.

A court terme, la chute spectaculaire des prix du pétrole est perçue comme une aubaine car elle permet de redistribuer du pouvoir d’achat des producteurs vers les ménages. Elle pourrait donner un coup de pouce à la croissance mondiale, attendue à 3,4% en 2015, de l’ordre « d’environ un quart de point » selon Axa IM. Cette baisse des cours du pétrole, conséquence d’un surplus d’environ 4 millions de barils/jour sur les marchés (pétrole de schiste, dissensions au sein de l’OPEP etc.), accentue néanmoins la menace déflationniste. « Elle maintiendra le thème de la déflation dans l’actualité, ce qui pourrait retarder la normalisation monétaire dans certains pays » estime Eric Chaney, chef économiste chez Axa IM.

La BCE attendue au T1 2015

En 2015, les politiques monétaires devraient continuer de s’écarter des deux côtés de l’Atlantique. La Fed a mis fin à l’automne au QE3 (troisième programme d’assouplissement quantitatif) et devrait engager un resserrement progressif de sa politique monétaire avec un relèvement des taux directeurs attendu, selon le consensus, à la mi-2015. De son côté, la BCE est très attendue au cours du premier trimestre sur son programme d’achats d’actifs dont elle n’a pas encore dévoilé précisément les contours (achats ou non de dette souveraine ?).  La baisse de l’euro devrait donc se poursuivre l’an prochain et constituer un catalyseur appréciable pour les entreprises européennes.

En Europe, la faiblesse de l’inflation entretient la faiblesse des rendements obligataires et donne aux marchés actions un avantage pour l'an prochain. Pour 2015, les stratégistes d’Axa IM affichent leur préférence pour la zone euro et le Japon au détriment des actions américaines « en raison de l’accélération attendue de la croissance des bénéfices et du soutien monétaire ». Du côté des pays émergents, la chute des prix des matières premières et du pétrole aura des conséquences différenciées sur leurs économies. Axa IM préfère l’Asie émergente à l’Amérique latine.

Julien Gautier