Comment Moneta AM a évité la catastrophe Wirecard information fournie par Agefi Asset Management 13/07/2020 à 18:30
(NEWSManagers.com) - Moneta AM n'est pas passé loin de la catastrophe,
mais son fondateur et dirigeant Romain Burnand s'est félicité lors d'une conférence téléphonique du réflexe de ses analystes.
Interrogé à de nombreuses reprises sur sa présence dans le titre
Wirecard lorsque l' affaire a éclaté dans les colonnes du Financial Times
en 2019, la société de gestion a voulu rassurer en rappelant qu'elle ne
détenait plus le titre depuis plusieurs mois.
Les chemins de Moneta AM et Wirecard se sont
croisés pour la première fois en mars 2016 lors de la publication d' un
rapport à charge de Zatarra Reasearch qui accusait Wirecard de faire du
blanchiment d' argent. L' impact boursier a été immédiat avec une baisse
de plus de 30% de la valeur. " On aime bien se plonger dans les dossiers
dans ce genre de situation, a rappelé Louis Renou, analyste. Du coup, on
a mis 3 mois avant de se décider à y aller et on a pris une ligne de 1%
à environ 40 euros par action dans MMC (Moneta Multi-Cap)" .
Les analystes ont alors fait les années suivantes
quelque 23 réunions avec la société, essentiellement avec le top
management (CEO et CFO). " J' ai pu visiter trois filiales : le siège à
Munich, et des locaux à Singapour et Kuala Lumpur (Malaisie). On a
discuté aussi avec des gérants de fonds short pour essayer de comprendre
pourquoi ils étaient si négatifs sur la valeur. On a aussi discuté avec
des spécialistes du secteur pour discuter du cas Wirecard. Au final,
après le rapport Zatarra, il ne s' est pas passé grand-chose. L' anxiété
du marché s' est dissipée par faute d' éléments tangibles et le titre est
passé du paria à la star. Le titre était proche des 200 euros courant
2018" , rappelle Louis Renou.
Moneta AM vendait un peu de sa ligne au fur et à
mesure pour des raisons de valorisation, alors que l'action continuait
de monter énormément." Sur les trois ans et demi où nous avons été
actionnaire de la société, Wirecard fait partie du Top 5 des meilleurs
contributeurs à la performance de MMC, soit une une performance absolue
d' environ 2% pour le fonds" , poursuit l'analyste.
Alors que le Financial Times a commencé à publier
des articles à charge sur Wirecard à partir de février 2019, le déclic
arrive enfin en octobre 2019 pour Moneta AM. La société de gestion
reconnait qu'elle détient alors une ligne d' environ 2% de MMC dans
Wirecard. Le 15 octobre 2019, c'est l'analyse d'un document interne
publié par le FT et obtenu auprès d' un lanceur d' alerte, qui fait
changer d'avis Moneta AM sur la valeur. " J' avais l' habitude d' auditer
des banques à Londres avant de travailler chez Moneta. C' est pourquoi
Romain m' a demandé de regarder. Nous avons conclu après l' étude des
documents qu' il y avait une très haute probabilité de fraude car les
documents semblaient bien réels, le FT avait plusieurs sources et
n' avait aucune raison de mentir à ce sujet. Enfin, les explications de
Wirecard étaient contradictoires. (...) Il était clair que l' ampleur de
la fraude était énorme. Le FT a fait un vrai travail d' auditeur" ,
explique Robert Hill-Smith, qui est justement un ancien auditeur venu de
Ernst & Young.
En un peu moins de deux jours, Moneta AM décide de
vendre plus de 90% de ses positions dans Wirecard, pour un montant total
de 38 millions d' euros. La cession brutale s'effectue à une moyenne
d'environ 120 euros par action. Ce 6 juillet 2020, l' action cote sous
les 3 euros...