* Les sociétés se préparent à une période de changes
volatils
* PSA compte sur le mix-prix et Danone sur le hedging
* L'impact à long terme plus difficile à prédire
* L'Europe se retrouve dans une situation difficile-Lévy
* Technip maintient son projet de siège à Londres
par Gilles Guillaume
PARIS, 24 juin (Reuters) - Les entreprises françaises
présentes au Royaume-Uni fourbissent leurs armes vendredi après
la victoire du camp du Brexit au référendum britannique, surtout
pour faire face à la période d'instabilité monétaire qui
s'annonce dans un premier temps entre le Royaume-Uni et le reste
de l'Europe.
Si l'impact économique d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE
reste encore difficile à mesurer sur le long terme, l'effet
immédiat sera une grande volatilité des changes, avec vendredi
une livre sterling à un plus bas historique. Les entreprises qui
réalisent une partie substantielle de leurs ventes dans cette
devise peuvent tenter de limiter l'impact en modifiant leurs
prix ou en se couvrant.
"Les équipes étudient différents scénarii de réajustement
des tarifs de ventes des modèles de nos marques pour réagir vite
aux réactions des marchés", a déclaré à Reuters un porte-parole
de PSA. Le groupe pourrait ainsi relever ses tarifs pour
préserver sa rentabilité aux dépens de sa part de marché, qui
était de 8,5% en 2015 .
"Comme dans tous les pays où on opère dans des contextes
volatils, notre objectif est d'atténuer les risques à travers la
couverture classique de taux de changes", a expliqué de son côté
une porte-parole de Danone. Le groupe agroalimentaire, qui
réalise outre-Manche 6% environ de ses ventes mondiales, entend
malgré tout poursuivre le développement de son activité et de
ses filiales au Royaume-Uni tant que la nouvelle donne n'est pas
clarifiée.
Elior ELIOR.PA , dont le développement au Royaume-Uni et
aux Etats-Unis est au coeur du plan de croissance 2020, voit
même des opportunités dans le Brexit. "Notre objectif est de
signer au moins un deal avant la fin de l'année, un en
Grande-Bretagne et un aux Etats-Unis. C'est faisable", a annoncé
jeudi à Reuters le PDG du groupe de restauration collective.
"Brexit ou pas Brexit, ça ne change strictement rien pour
nous", a-t-il ajouté avant l'issue du référendum, tout en
précisant qu'une baisse de la livre réduirait aussi le coût
d'une acquisition.
L'exploitant du tunnel sous la Manche, Eurotunnel GETP.PA ,
a estimé lui aussi qu'une baisse de la livre pourrait constituer
un effet d'aubaine en réduisant le montant de la dette du groupe
dans cette monnaie, en augmentant les coûts des concurrents
maritimes et en soutenant les exportations britanniques.
Parmi les autres contrecoups possibles, Paris Europlace, qui
défend les intérêts de la place financière de Paris, veut que le
Royaume-Uni perde le bénéfice du passeport européen pour l'accès
aux marchés financiers. Mais le Brexit n'a pas encore fait
renoncer les banques françaises à leur implantation à Londres:
Société générale SOGN.PA s'est par exemple dite déterminée à
poursuivre son développement au Royaume-Uni et à ce que Londres
demeure une grande place financière.
PAS D'IMPACT POUR HINKLEY POINT, DIT EDF
A titre personnel, certains chefs d'entreprise se disent
néanmoins consternés par la décision britannique.
"Je regrette vivement que le Brexit ait été voté mais il
faut respecter la décision des citoyens britanniques", a déclaré
Michel Landel, directeur général de Sodexo EXHO.PA . Le groupe
de restauration collective, très présent en Grande-Bretagne où
il emploie 40.000 personnes, ne voit cependant pas d'"impact
majeur et direct sur ses activités" qui sont pour l'essentiel
locales.
"En votant ainsi, ils se mettent dans une situation
difficile, ils mettent l'Europe dans une situation difficile",
s'est ému de son côté Maurice Lévy, PDG de Publicis PUBP.PA .
Mais là encore, le groupe publicitaire ne voit pas d'impact
majeur sur sa société, qui tire 7% des revenus du Royaume-Uni
.
L'impact à plus long terme sur la croissance économique
britannique et les échanges commerciaux avec le reste du
continent restent plus difficiles à prévoir.
"Quant aux conséquences du Brexit sur le marché automobile
britannique ou européen, il est trop tôt pour l'anticiper. Mais
rappelons que le marché européen a été très bon depuis le début
de l'année", a déclaré le PDG de l'équipementier Valeo
VLOF.PA . "Cela n'aura pas de conséquence sur la stratégie de
Valeo, basée sur l'innovation et la croissance organique."
EDF EDF.PA a répondu lui aussi que le Brexit n'aurait pas
d'impact sur ses activités et sa stratégie au Royaume-Uni.
Technip a assuré de son côté que le projet de fusion avec
l'américain FMC, qui prévoit de domicilier la future société à
Londres, n'était pas modifié.
(Avec l'ensemble de la rédaction de Paris, édité par
Jean-Michel Bélot)