Berlin resserre son contrôle sur les investissements étrangers
information fournie par Reuters 19/12/2018 à 16:52
(Actualisé avec entrée en vigueur immédiate, avertissement sur les risque de piratage, commentaire du ministre de l'Economie) BERLIN, 19 décembre (Reuters) - L'Allemagne a abaissé mercredi le seuil de capital à partir duquel le gouvernement peut lancer une enquête de sécurité nationale en cas de prises de participation étrangères - hors Union européenne - dans des entreprises jugées sensibles. Cette mesure, à effet immédiat, qui ramène le seuil de 25% à 10% du capital, est une réponse aux inquiétudes sur les OPA chinoises visant des entreprises considérées comme stratégiques. Le seuil de 25% avait été introduit en 2004 pour protéger les secteurs jugés essentiels au pays comme l'énergie, l'eau, l'approvisionnement alimentaire, les télécommunications, les finances et les transports. Les mesures instaurées mercredi ajoutent certains médias à la liste de ces entreprises. L'Office fédéral pour la sécurité des données en technologie de l'information (BSI) a envoyé un avertissement à plusieurs entreprises allemandes citées par les Etats-Unis comme étant d'éventuelles victimes de piratage, a rapporté mercredi la presse allemande, tout en notant une recrudescence de l'activité chinoise visant les sociétés du pays. Le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, répète, depuis sa nomination en mars dernier, que l'Allemagne entend rester une économie ouverte aux investissements directs étrangers. Mais il demande en même temps à la Chine une égalité de traitement dans les relations économiques, alors que Pékin se prémunit largement contre les OPA étrangères. "Les sociétés aiment investir en Allemagne et c'est très bien comme cela. Mais nous devons être en mesure de surveiller attentivement pour voir qui achète les infrastructures sensibles et quelles en sont les conséquences", a-t-il dit. La fédération industrielle allemande BDI a critiqué la décision du gouvernement. "L'Allemagne doit rester ouverte aux investisseurs étrangers", a-t-elle dit. "La BDI est opposée à un durcissement des règles tous les ans", a-t-elle ajouté, rappelant que le gouvernement avait déjà étendu ses pouvoirs de veto en 2017. Les investissements chinois en Europe, en particulier dans les infrastructures en Grèce ou dans les Balkans, sont observés de près en Allemagne, où le rachat du spécialiste de robotique Kuka KU2G.DE par la société chinoise Midea 000333.SZ en 2016 avait provoqué un débat intense. Berlin n'a jamais utilisé jusqu'à présent son pouvoir de veto pour bloquer une prise de participation par un investisseur extérieur à l'Union européenne. Le gouvernement a toutefois menacé en août dernier de s'opposer à une offre de la société chinoise Yantai Taihai sur le fabricant de machines-outils Leifeld, ce qui a suffi à convaincre le groupe chinois de renoncer à son projet. Les Etats membres de l'UE ont conclu un accord au début du mois prévoyant la mise en place d'un système ambitieux visant à coordonner le travail de supervision des investissements étrangers en Europe, notamment chinois. (Madeline Chambers, Jean-Stéphane Brosse et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Véronique Tison et Benoît Van Overstraeten)