A suivre aujourd'hui... Danone

information fournie par AOF 02/11/2023 à 08:00

(AOF) - Danone a gagné 1,82% à 57,17 euros mercredi à la faveur du relèvement de recommandation de Morgan Stanley. Le bureau d'études conseille désormais de Surpondérer la valeur et affiche un objectif de cours de 62 euros. Le broker estime que le plan de restructuration du groupe d'agroalimentaire commence à porter ses fruits. La société est en outre moins confrontée aux pressions liées au GLP-1 que la plupart de ses homologues, et pourrait même bénéficier à terme d'une demande accrue pour ses produits laitiers et ses eaux.

Enfin, la valorisation du groupe d'agroalimentaire ne reflète pas son potentiel de profits et de génération de cash. Danone affiche en effet une valorisation inférieure à celle de ses concurrents, dont Nestlé, malgré le fait qu'il semble mieux positionné que la plupart de ses pairs du point de vue de la santé et du bien-être.

"Danone a réalisé un bon troisième trimestre, mais ce trimestre a surtout apporté de la crédibilité à sa stratégie de redressement et a aussi ouvert la voie à une revalorisation de l'action, qui se négocie encore avec une décote d'environ 20% par rapport à ses pairs", soulignait JPMorgan en fin de semaine dernière.

Ce relèvement de recommandation de Morgan Stanley intervient après la révision à la hausse jeudi dernier de l'objectif de croissance 2023 de Danone. Le groupe d'agroalimentaire cible désormais une progression du chiffre d'affaires en données comparables comprise entre 6% et 7% contre une hausse de 4% à 6% précédemment. La prévision d'une amélioration modérée de la marge opérationnelle courante a été confirmée.

Danone est plus optimiste sur sa croissance car sur les 9 premiers mois de 2023, le groupe a généré 20,12 milliards d'euros de revenus, en croissance de 7,6% à données comparables.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Points-clés

- Leader mondial de l'industrie alimentaire : premier dans les produits laitiers frais (marques Activia, Gervais, Alpro, Oikos, Actimel…), deuxième mondial dans la nutrition infantile et médicale (Blédina, Dumex, SGM, Aptamil, Theocate…) et troisième dans les eaux embouteillées (Mizone, Volvic, Evian et Acqua) ;

- Ventes de 27,7 Mds€ réparties en 3 pôles : produits laitiers ou végétaux pour la moitié, nutrition spécialisé pour un tiers et les eaux embouteillées ;

- Revenus équilibrés entre l'Europe (32%), l'Amérique du Nord (24%), la Chine, Asie du Nord et Océanie (12%) puis l'Argentine, Brésil, Mexique, Indonésie, Turquie, Ukraine et Maroc ;

- Modèle 2030 « One Planet. One Health » :"apporter la santé par l'innovation", accélérer la croissance, maximiser l'efficacité, développer les marques engagées et rehausser la rentabilité ;

- Capital ouvert mais bloqué (droits de vote doubles, vote limité aux AG...), Gilles Schnepp présidant le conseil d'administration renouvelé et limité à 13 membres en 2023, Antoine de Saint-Affrique assurant la direction générale et François Riboud étant président d’honneur ;

-Bilan sain avec, une dette nette ramenée à 11,1 Mds€ face à 18 Mdts€ de capitaux propres et un autofinancement livre de 3 Mds€.

Enjeux

- Stratégie Renov Danone 2024 visant à identifier les axes de croissance du futur, retrouver la compétitivité, se développer sélectivement et gérer le portefeuille :

- fondée sur 4 piliers : identifier les axes de croissance du futur, retrouver la compétitivité, se développer sélectivement et gérer le portefeuille,

- objectifs 2022-2024 : 3 à 5 % de hausse annuelle des ventes et marge opérationnelle de + 12 % grâce aux économies du plan Local First,

- objectif intermédiaire 2023-2024 : rotation du portefeuille de 10 % du chiffre d’affaires, investissements limités à 4,5 % du chiffre d’affaires ;

- Stratégie d’innovation contribuant à ¼ des ventes annuelles et réalisée dans 2 centres internationaux et 8 centres spécialisés ;

- 6 thèmes : microbiotes, matrices végétales, emballages et après-plastique, naturalité et organique, allergies et vieillissement en bonne santé,

- co-construction avec les consommateurs par recours aux méthodes agiles ;

- nouveau centre de recherche & innovation à Saclay

- Stratégie environnementale de longue date :

- programme mondial Re-Fuel : d'ici 2030, réduction de 42% au moins des émissions de CO2 hors fournisseurs et recours aux renouvelables pour 100% de l’électricité et 50% de la consommation énergétique globale,

- « Plan d’accélération pour le climat » avec 2 Mds€ investis (2020-22 ) dans les marques du groupe, l’agriculture, les emballages (84 % recyclables) et la digitalisation,

- « WeActForWater » : réduction de moitié de l’usage de plastique vierge soit, en 2025, 50 % de PET recyclé (rPET) au niveau mondial et 100 % en Europe, accélération de la neutralité carbone en Europe d’ici 2025 (2020 pour Evian et Volvic), fonds d'accès à l'eau (50 millions de personnes d’ici 2030),

- certification B Corp pour 50 % du chiffre d’affaires ;

- Rotation du portefeuille :vers une cession de Horizon Organic et Wallaby, insuffisamment rentables (3% des revenus du groupe) après l'achat de Follow your Heart, renforçant l'activité produits d'origine végétale (ventes attendues à 5 Mds€ en 2025 vs 2 Mds€ en 2020).

Défis

-Disparités des marges, la nutrition spécialisée et l'Asie-Océanie étant les plus rentables ;

-Fort impact de l'inflation des matières premières, compensé aux 2/3 par les effets volume et prix ;

-Guerre Russie-Ukraine : arrêt de la production en Russie, d'où 500 M€ de dépréciations ;

-Retombées des lourds investissements en publicité au cours du second semestre 2022 ;

-Assignation en justice par des ONG pour manquement à la vigilance dans les plastiques ;

- Après une progression de 7,8% du chiffre d'affaires, objectif 2023 : hausse de 3 à 5% des revenus et amélioration modérée de la marge opérationnelle ;

- Dividende 2022 de 2 € en hausse de 3,1%.

En savoir plus sur le secteur Agroalimentaire

Des prix de l'énergie qui flambent et un appel à l'aide

Dans le passé, l'énergie représentait un coût fixe de 3% du chiffre d'affaires. Cette année, ce pourcentage grimpe à 5% voire à 7% pour les TPE-PME, selon l'Ania (Association nationale des industries alimentaires. Les professionnels sont très inquiets car jusqu'à fin 2022 ils bénéficient généralement de couvertures pour amortir ces augmentations. Or elles ne sont pas reconduites pour 2023 et après. Par conséquent, 25 des principales organisations interprofessionnelles (Intercéréales, Inaporc, Semae, etc.) appellent l'Etat au secours face à l'érosion de leurs marges et de leur capacité d'investissement.

L'Etat a proposé plusieurs dispositifs, dont un " amortisseur électricité ", qui sont jugés insuffisants. Les organisations déplorent également l'échec des négociations européennes pour aboutir à un bouclier tarifaire permettant d'éviter les distorsions de concurrence. L'agriculture et l'agroalimentaire demandent un prix plafond maximum à 180 €/MWh alors que de nombreuses entreprises achètent à des prix supérieurs à 500€/MWh sur le marché français.