3 QUESTIONS A-La Fed attentiste après la victoire de Trump – Crédit Mutuel AM
information fournie par Reuters 06/11/2024 à 14:47

Le républicain Donald Trump a remporté mercredi l'élection présidentielle américaine, selon les projections d'Edison research, battant largement sa rivale démocrate Kamala Harris.

La victoire de l'ancien magnat de l'immobilier, 78 ans, laisse entrevoir de vastes changements dans les politiques de Washington, qu'il s'agisse de commerce, de climat, de relations internationales, d'impôts ou encore d'immigration.

François Rimeu, stratégiste senior chez Crédit Mutuel AM, constate que les mouvements sur les actifs américains entraînent le reste des actifs mondiaux, mais que les décisions que prendra le 47e Président des États-Unis pourraient contraindre la Réserve fédérale à l'attentisme.

1/ Les marchés américains sont attendus en progression, mais les actions européennes et japonaises ont aussi salué la victoire du candidat républicain. Pour quelles raisons ?

La hausse des actions américaines et du dollar est logique, les investisseurs anticipant une baisse de l'imposition des sociétés et une meilleure performance économique.

Or, le repli consécutif de l'euro et du yen soutient les actions européennes et nippones, tournées vers l'export. Le retournement du marché tient aussi au recul des taux réels en zone euro, qui atteignent 0,33%, en se basant sur les swaps euro à 10 ans, les opérateurs obligataires se positionnant pour un ralentissement plus prononcé de l'économie du Vieux Continent.

A l'inverse, les rendements rebondissent aux États-Unis et touchent 4,47% pour le 10 ans. Cette remontée des taux nominaux pourrait limiter à terme la performance des actifs risqués américains.

2/ Ces mouvements de marché sont-ils durables ?

Tout dépend des mesures que mettra en place Donald Trump. Dans le cas de figure où une partie seulement de son programme est mis en œuvre, le S&P 500 devrait profiter des baisses des taxes, d'une croissance et d'une inflation plus élevée et d'une politique budgétaire accommodante, ainsi que de l'appréciation du dollar.

A l'inverse, une présidence plus "dure", avec des expulsions massives et un déficit bien plus élevé, par exemple, pourrait mener à des turbulences sur la partie longue de la courbe des taux et limiter l'appétit des investisseurs pour les États-Unis.

Dans tous les cas, la dérégulation soutiendra le secteur bancaire et les petites et moyennes capitalisations, tandis que le creusement du déficit renforcera l'appétit pour l'or.

L'ampleur et la stabilité de la majorité qu'obtiendra Donald Trump à la Chambre des Représentants contribuera à déterminer sa marge de manœuvre.

3/ La Fed, qui annoncera jeudi sa prochaine décision de politique monétaire, pourrait elle se retrouver contrainte par les résultats de l'élection ?

La banque centrale se retrouve coincée : après avoir baissé les taux de 50 points de base en septembre, l'ensemble du flux de données - emploi, consommation, croissance - s'est révélé bien plus fort qu'attendu.

La Fed devrait donc baisser les taux jeudi et en décembre et les laisser ensuite à 4,50%. Concernant la politique menée par Donald Trump, l'institution attendra d'avoir des éléments concrets à intégrer à ses modèles, bien qu'une politique budgétaire expansionniste implique une politique monétaire restrictive dans la configuration économique actuelle.

Le risque est qu'en zone euro, la Banque centrale européenne ne se retrouve contrainte par la Fed et incapable de baisser davantage ses taux afin de ne pas créer d'inflation importée, ce alors que la croissance atone exige une politique monétaire plus accommodante.

(Rédigé par Corentin Chappron, édité par Augustin Turpin)