Le paradoxe de la question linguistique africaine saute aux yeux. D'un côté, nous ne pouvons éternellement penser et créer dans les langues imposées par le colonisateur. De l'autre, nous ne pouvons, dans l'immédiat, nous passer de l'anglais, du français et du portugais. En effet, nos langues, avant les transports et la santé, subissent de plein fouet l'effet désastreux de notre colossal retard scientifique et technique. Le fait est là, frustrant, mais incontournable : le prodigieux essor des idées et des techniques modernes issues de la Renaissance a été essentiellement consigné dans les langues européennes. Il nous faudra donc beaucoup de temps, beaucoup d'énergie, un gigantesque sursaut politique et intellectuel, pour résoudre des équations du second degré en kikongo, expérimenter de la thermodynamique en ibo ou discuter d'épistémologie en kissi ou en gourmantché. Et pourtant, il nous faudra bien y arriver un jour, quitte à assécher les mers et à déplacer les montagnes. Nos langues disparaîtraient sinon, et nous avec, en tant que principe historique et culturel.Lire aussi Littérature - Céytu : là où le wolof tutoie les grandes ?uvres francophonesLire aussi Livres - Ngugi wa Thiong'o, rencontre avec un géant des lettresDeux écueils nous semblent aujourd'hui insurmontables : l'extrême diversité de nos dialectes et leur maigre lexique scientifique et technique. Au fond, cette diversité n'est pas plus grande qu'en Europe ou en Asie,...
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