Wauquiez annonce la suspension des aides régionales à l'université Lyon 2
information fournie par AFP 07/05/2025 à 18:36

Laurent Wauquiez le 10 mars 2025, à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )

Le candidat à la présidence de LR Laurent Wauquiez a annoncé mercredi la suspension des subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l'université Lyon 2 qu'il accuse de "dérive islamo-gauchiste", s'attirant des comparaisons avec Donald Trump de la part de LFI.

"Nous avons décidé avec le président de la région de supprimer toutes les aides à cette université", a déclaré sur CNews/Europe 1 le chef de file des députés LR et ancien patron de la région devenu conseiller spécial de son successeur Fabrice Pannekoucke.

Laurent Wauquiez a ensuite expliqué à l'AFP qu'il demande au ministère de l'Enseignement supérieur de mener une "mission d'inspection indépendante" pour déterminer "l'ampleur de la dérive islamo-gauchiste de cette université".

En attendant les résultats de cette mission, "on suspend toutes les coopérations" avec Lyon 2, "on refuse de fermer les yeux face à cette dérive grave", a-t-il poursuivi, en assurant que des repas de rupture du jeûne du ramadan ou des "prières" avaient eu lieu dans l'établissement.

Selon la région, ce moratoire financier se monte à "près de 19 millions d'euros", et concerne principalement des paiements de projets immobiliers figurant dans le contrat de plan Etat-Région (CPER).

Contactée par l'AFP, l'université, dans la tourmente depuis l'interruption d'un cours par des militants encagoulés le 1er avril, n'a pas souhaité commenter une décision dont elle dit ne "pas avoir été officiellement informée".

"Le Trumpisme vient de traverser l'Atlantique", a réagi de son côté Jean-Luc Mélenchon. La "surenchère" de Laurent Wauquiez face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qu'il affrontera lors d'un congrès LR les 17 et 18 mai, "vire à la police politique et à l'obscurantisme contre les universités", a ajouté le leader de La France Insoumise sur X.

L'opposition socialiste à la région, par la voix du vice-président du groupe Johann Cesa, a également dénoncé une décision "antirépublicaine", "brutale, sans nuance". La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a jugé sur X que Laurent Wauquiez "inventait le délit d'opinion académique".

- "Intolérable" -

En 2021, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà suspendu certains financements accordés à Sciences Po Grenoble, traversé par de vifs débats sur la notion d'islamophobie.

L'université Lyon 2 est elle au coeur d'une intense polémique depuis l'irruption, il y a quelques semaines, d'un groupe de personnes au visage dissimulé lors d'un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l'Irak et de la Syrie. Vivement pris à parti par des militants le taxant de "raciste" et "sioniste", il avait quitté la salle.

L'incident a suscité une condamnation unanime et le parquet, saisi par l'université qui a accordé une protection fonctionnelle à Fabrice Balanche, a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant".

Depuis, l'universitaire a multiplié les interviews pour dénoncer "l'islamo-gauchisme" en vigueur selon lui à Lyon 2 et reprocher à sa direction un manque de soutien.

Dans un entretien à la presse locale la présidente de Lyon 2, Isabelle von Bueltzingsloewen, a estimé que l'interruption de son cours était "intolérable" mais a dénoncé les "paroles complotistes, délétères pour l'université" de l'enseignant. Elle a ensuite fait l'objet de menaces de mort, qui ont poussé le parquet à ouvrir une deuxième enquête.

Le 29 avril, le parquet a reçu un autre signalement concernant des propos laudateurs sur le mouvement libanais Hezbollah, considéré comme terroriste par Israël ou les Etats-Unis, attribués au vice-président Willy Beauvallet-Haddad.

Une enquête pour "apologie du terrorisme" a été ouverte dans la foulée. M. Beauvallet a démissionné lundi de la vice-présidence pour "faire baisser la pression".