Vendée Globe-Violette Dorange, plus jeune participante à l'assaut de l'Everest des mers information fournie par Reuters 08/11/2024 à 08:00
par Vincent Daheron
LES SABLES-D'OLONNE, Vendée, 8 novembre (Reuters) - V iolette Dorange deviendra dimanche la plus jeune participante du Vendée Globe, dont c'est la 10e édition, à l'âge de 23 ans, 6 mois et 23 jours.
"C'est mon premier challenge de cette ampleur. C'est immense, un départ vers l'inconnu parce que je ne connais pas du tout les mers du Sud, le Pot au noir", a confié la navigatrice à Reuters. "J'ai souvent été la plus jeune sur les circuits. J'espère que ça peut aider les jeunes à monter des projets, à les inspirer."
Son papa Arnaud, conseiller stratégie et partenariats du projet intitulé "Devenir", ressent "beaucoup de fierté".
"On a soulevé les montagnes donc il y a une forme de soulagement. Ce n'est pas une question d'âge, Violette est jeune physiquement mais déjà riche d'une expérience en navigation que peu de personnes peuvent atteindre à son âge", assure-t-il.
Violette Dorange a commencé la voile à La Rochelle à sept ans, pour des raisons pratiques. "Au début, je n'aimais pas la voile", sourit-elle. "Mon grand frère et ma grande sœur en faisaient, donc il fallait que je fasse le même sport."
La Charentaise se prend au jeu quand elle comprend que sa pratique peut la faire voyager. Elle attire quelques projecteurs en traversant la Manche en Optimist à 15 ans puis le détroit de Gibraltar l'année suivante.
"La Manche, c'est parti d'une rigolade avec son frère où elle disait qu'elle voulait faire un truc de dingue. Ça me faisait bien rire", se souvient son père.
Au terme d'un long travail préparatoire, notamment pour obtenir les autorisations nécessaires, Violette Dorange réussit son pari après quinze heures de navigation. "Ça m'a vraiment donné le goût du large. C'était l'aventure, c'était incroyable."
Damien Guillou avait été marqué par la préparation d'un tel projet pour une adolescente de 15 ans. "Je m'étais dit qu'à son âge, elle devait être très organisée et qu'elle n'allait pas s'arrêter là", avait prédit le co-skipper et capitaine du bateau "Devenir".
ANCIEN BATEAU DE JEAN LE CAM
Une rigueur qu'elle démontre depuis ses plus jeunes années. "Elle faisait une fiche technique, à huit ans, pour réaliser son bricolage", narre Arnaud Dorange.
C'est lors du départ du Vendée Globe 2016, où elle suit les aventures de Jean-Pierre Dick, quadruple vainqueur de la Transat Jacques-Vabre et ami de la famille, qu'elle se prend à rêver de "l'Everest des mers".
L'élève de l'Institut national des sciences appliquées (INSA) de Rennes rencontre Jean Le Cam, voisin de ponton à Port-la-Forêt (Finistère) et recordman de participations au Vendée Globe (son sixième dimanche), qui promet de lui vendre son bateau avec lequel il a fini 4e de la dernière édition en 2021.
"Avec Jean, on n'a pas besoin de contrat, on se tape dans la main", raconte Arnaud Dorange. "On avait du mal à trouver des financements, il a eu des propositions qui auraient pu le faire changer d'avis mais il a été droit dans ses bottes."
Le marin de 65 ans, doyen de cette 10e édition, l'accompagne sur ses premières sorties pour lui apprendre à maîtriser ce monocoque de 60 pieds (18,28 mètres) avant que le capitaine du bateau, Damien Guillou, ne prenne le relais.
"En termes de navigation pure, elle est ultra à l'aise", estime ce dernier.
La benjamine de la flotte noircit ses cahiers de notes pour n'oublier aucune information. "C'est pour me vider la tête", explique-t-elle. "Je suis créative, j'écris beaucoup. Je me dis que ce sera de bons souvenirs quand je les relirai plus tard."
Quatorzième du championnat Imoca 2024, Violette Dorange n'a qu'un objectif : "Aller au bout de cette aventure."
(rédigé par Vincent Daheron à Paris, édité par Blandine Hénault)