USA-Trump va nommer Pete Hegseth comme secrétaire à la Défense
information fournie par Reuters 13/11/2024 à 04:19

(Actualisé avec détails)

par Phil Stewart et Idrees Ali

Le président-élu américain Donald Trump a déclaré mardi qu'il nommerait Pete Hegseth, chroniqueur pour Fox News et vétéran de l'armée américaine, pour occuper le poste de secrétaire à la Défense.

Pete Hegseth, qui doit encore voir sa nomination confirmée par le Sénat, pourrait réaliser la promesse de campagne faite par Donald Trump de débarrasser l'armée américaine des généraux qu'il accuse de porter des politiques progressives en matière de diversité.

Des tensions pourraient également éclater entre Pete Hegseth et le chef d'état-major interarmées, le général de l'armée de l'air Charles Quinton Brown.

Pete Hegseth a en effet accusé C.Q. Brown, qui est afro-américain, de "poursuivre les positions radicales des hommes politiques de gauche".

En annonçant sa décision, Donald Trump a chanté les louanges de Pete Hegseth, un vétéran de l'Army national guard qui, selon son site internet, a servi en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo Bay, à Cuba.

"Pete est coriace, intelligent et il croit véritablement en l''America First'", a dit Donald Trump dans un communiqué. "Avec Pete aux commandes, les ennemis de l'Amérique sont prévenus. Sa grandeur sera rendue à notre armée et l'Amérique ne cédera jamais."

Pete Hegseth a dit avoir quitté l'armée en 2021, après avoir été considéré comme un extrémiste par une institution qui ne voulait plus de lui.

L'inquiétude règne déjà au Pentagone, où les craintes de voir Donald Trump évincer des officiers de l'armée et des fonctionnaires qui seraient, selon lui, déloyaux, sont vives.

Interrogé en juin dernier par la chaîne Fox News, Donald Trump a prévenu qu'il comptait renvoyer les généraux "woke", un terme initialement créé pour désigner les militants luttant contre les discriminations raciales ou sexuelles qu'utilisent désormais les milieux de droite et d'extrême droite pour discréditer les politiques progressistes.

"Le prochain président des Etats-Unis devra remanier drastiquement la direction du Pentagone afin de nous rendre prêts à défendre notre pays et à vaincre nos ennemis. Beaucoup de gens doivent être renvoyés", a écrit Pete Hegseth dans un livre publié au mois de juin.

Il s'en est également pris à C.Q. Brown, se demandant si ce dernier aurait été nommé à son poste s'il n'avait pas été noir.

"Etait-ce en raison de sa couleur de peau ou de ses compétences? Nous ne saurons jamais mais douterons toujours, ce qui, à première vue, peut sembler injuste pour C.Q.. Mais comme il est celui qui a fait de la carte raciale l'une des plus importante, cela a peu d'importance", a écrit Pete Hegseth.

D'anciens généraux et secrétaires américains à la Défense figurent parmi les détracteurs les plus virulents de Donald Trump, certains l'ayant qualifié de fasciste ou d'homme inapte à exercer les plus hautes fonctions.

Donald Trump a déjà laissé entendre que l'ancien chef d'état-major des armées Mark Milley, qui a déclaré en quittant ses fonctions en septembre 2023 que l'armée avait pour devoir de respecter la Constitution et non "un dictateur en puissance", aurait pu être exécuté pour trahison en d'autres temps.

DES ALLIÉS "BIEN-PENSANTS ET IMPOTENTS"

Pete Hegseth s'est montré très critique à l'égard des alliés européens des Etats-Unis et sa nomination pourrait alimenter les craintes au sein de l'Otan.

"Obsolète, surpassée en puissance de feu, envahie et impotente. Pourquoi l'Amérique, le 'numéro d'urgence" de l'Europe depuis un siècle, devrait-elle écouter des pays bien-pensants et impotents, qui nous demandent d'honorer des accords de défense dépassés et unilatéraux à la hauteur desquels ils ne parviennent plus à se hisser?", s'est demandé Pete Hegseth dans son livre.

Il a par ailleurs déclaré lors d'interventions à la télévision ou dans des podcasts que la Chine constituait une armée "spécifiquement dédiée à vaincre les Etats-Unis d'Amérique."

La semaine dernière, Pete Hegseth a estimé que l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en février 2022 semblait être "le 'rendez-moi ce qui m'appartient' (du président russe Vladimir) Poutine".

Donald Trump a vivement critiqué le versement par les Etats-Unis de milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, faisant craindre un revirement de Washington lorsqu'il sera de retour à la Maison blanche, avec un Sénat et certainement une Chambre des représentants eux aussi aux mains des républicains.

"Si l'Ukraine est capable de se défendre, très bien. Mais je ne veux pas d'une intervention américaine en Europe qui donnerait l'impression à (Vladimir Poutine) qu'il est acculé", a dit Pete Hegseth.

(Avec Eric Beech; version française Camille Raynaud)