Un jeune élu très à gauche en tête de la primaire démocrate à New York
information fournie par AFP 25/06/2025 à 16:15

Combinaison de photos créée le 24 juin montrant à gauche Zohran Mamdani, à droite Andrew Cuomo, les deux favoris de la primaire démocrate de New York ( AFP / ANGELA WEISS )

Le candidat de l'aile gauche du Parti démocrate, Zohran Mamdani, arrive en tête mercredi de la primaire pour l'élection à la mairie de New York, créant la surprise contre le favori Andrew Cuomo après une campagne contre la vie chère et la promesse de taxer les hauts revenus.

Le trentenaire encore quasiment inconnu il y a quelques mois, qui se revendique "progressiste et musulman", a rattrapé jusqu'à 30 points de retard dans les sondages sur l'ancien gouverneur Cuomo, plus centriste.

"Je suis honoré d'être votre candidat démocrate à la mairie", a déclaré tard mardi soir Zohran Mamdani à ses partisans dans son fief du Queens, district populaire de la métropole de la côte est. New York, ville d'environ 8,4 millions d'habitants, est un bastion démocrate.

"Ce soir n'était pas notre soir... Il (Zohran Mamdani) a gagné", a concédé, sourire crispé, l'ancien gouverneur (2011-2021) Andrew Cuomo. A 67 ans, il voit échouer son retour en politique chez les démocrates quatre ans après sa démission au milieu d'un scandale de harcèlement sexuel, mais n'exclut toutefois pas de briguer la mairie à titre d'indépendant.

Mercredi, avec près de 95% de bulletins dépouillés, Zohran Mamdani menait la course avec plus de 43% des voix, contre 36% pour M. Cuomo, dans cette élection au mode de scrutin complexe, où les électeurs étaient appelés à classer cinq candidats par ordre de préférence.

Comme aucun candidat ne dépasse les 50% des voix, le dépouillement se poursuivra dans une semaine pour comptabiliser les 2e, 3e choix et suivants jusqu'à désigner un vainqueur.

Mais l'avantage de Zohran Mamdani semble quasi insurmontable, car le troisième dans la course, Brad Lander (11%), avait appelé ses électeurs à le choisir comme deuxième choix. Sa victoire confirmée, Zohran Mamdani, 33 ans et né en Ouganda, partira en pole position pour l'élection municipale de novembre pour la première ville américaine.

- Contre Cuomo et Trump -

Le candidat à primaire démocrate de la mairie de New York Andrew Cuomo lors de son vote dans un lycée de New York, le 24 juin 2025 ( AFP / TIMOTHY A.CLARY )

Fils de l'historien de renom Mahmoud Mamdani, auteur de l'ouvrage "Saviors and survivors" sur la guerre au Darfour, et de la réalisatrice indo-américaine Mira Nair, connue pour "Salaam Bombay", Zohran Mamdani avait été soutenu par des figures de gauche comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez.

Et il a suscité l'enthousiasme d'une armée de jeunes bénévoles sur le terrain pour amplifier ses promesses contre la vie chère, dont la gratuité des bus, des crèches et le gel des loyers régulés, des mesures qu'il compte financer par une taxation sur les plus hauts revenus.

"Félicitations à Zohran Mamdani et à ses milliers de sympathisants pour leur extraordinaire campagne. Vous avez affronté l'establishment politique, économique et médiatique et vous l'avez battu", a déclaré M. Sanders sur X.

"Les milliardaires et les lobbyistes ont déversé des millions contre vous et contre notre système de finances publiques. Et vous avez gagné", a déclaré Mme Ocasio-Cortez, une flèche lancée en direction d'Andrew Cuomo qui avait notamment reçu le soutien du milliardaire et ex-maire de New York Michael Bloomberg.

La primaire démocrate de New York avait des airs de référendum sur la personnalité démocrate qui pourra tenir tête à Donald Trump, président républicain dont le gouvernement multiplie notamment les arrestations de migrants dans les grandes villes et dont des proches tiraient mercredi à boulets rouges sur le jeune démocrate de gauche.

"Zohran Mamdani est trop extrême pour une ville déjà à fleur de peau (...) l'heure n'est pas à la politique radicale", a réagi le candidat républicain Curtis Sliwa. Le sénateur texan Ted Cruz, un pilier du Parti républicain, a lui appelé les New-Yorkais "qui ne sont pas communistes" à fuir la métropole pour s'installer au Texas.

"Les démocrates changent la politique en changeant les électeurs", a écrit sur X Stephen Miller, l'architecte de la politique antimigrants de Donald Trump, accusant "l'immigration incontrôlée" d'avoir "profondément transformé l'électorat new-yorkais".

New York mérite "un maire fier de se présenter en fonction de son bilan, et non (...) un maire qui n'a aucun bilan", a lancé le maire sortant Eric Adams, qui souffre d'un déficit d'image, accusé de se compromettre avec l'administration Trump en échange de l'enterrement de poursuites pour corruption.

M. Mamdani a aussi été critiqué par ses rivaux pour ses positions propalestiniennes et le fait qu'il accuse Israël de "génocide". Mais l'un des thèmes forts de la campagne a été le coût de la vie, prohibitif à New York, en proposant une série de mesures sociales qui risquent de plomber les finances de la ville selon ses rivaux.