Ukraine: Trump "envisage" de se rendre à d'éventuelles discussions à Istanbul information fournie par AFP 12/05/2025 à 20:19
Donald Trump a déclaré lundi qu'il "envisageait" de se rendre en Turquie jeudi pour d'éventuelles discussions russo-ukrainiennes auxquelles Volodymyr Zelensky a invité Vladimir Poutine, le Kremlin refusant pour sa part de se prononcer sur la composition, le cas échéant, de la délégation russe.
"Il y a une possibilité, je suppose, si je pense que des choses peuvent se produire", a déclaré le président américain à des journalistes à la Maison Blanche, peu avant son départ pour l'Arabie saoudite.
Son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky a immédiatement réagi en disant qu'il serait en Turquie pour ces discussions et qu'il souhaitait que Donald Trump soit là également.
Le président russe Vladimir Poutine avait proposé samedi ces discussions directes entre Russes et Ukrainiens à Istanbul. Puis Volodymyr Zelensky avait répondu en proposant de rencontrer M. Poutine "en personne" dans cette même ville.
Depuis, le Kremlin n'a pas réagi à cette offre d'une rencontre Poutine-Zelensky. Interrogé lundi sur la composition d'une délégation russe à Istanbul, le porte-parole de la président russe, Dmitri Peskov, a refusé de commenter.
Dans son allocution quotidienne, M. Zelensky a dénoncé lundi soir "le très étrange silence" de Moscou concernant ces pourparlers directs.
"La Russie devra arrêter la guerre et il vaut mieux le faire le plus tôt possible. Il ne sert à rien de continuer les massacres", a-t-il lancé, précisant avoir eu un appel téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Ce dernier, de son côté, a dit espérer que "la fenêtre d'opportunité" qui s'est ouverte "ne sera pas perdue".
- Moscou refuse tout "ultimatum" -
Kiev et ses alliés européens ont réclamé pendant le week-end un cessez-le-feu "complet et inconditionnel" de 30 jours à partir de lundi, condition préalable selon eux pour des discussions de paix directes entre l'Ukraine et la Russie, menaçant Moscou de "sanctions massives" en cas de refus.
Mais le Kremlin a rejeté lundi cette démarche : "Le langage des ultimatums est inacceptable pour la Russie", a déclaré le porte-parole Dmitri Peskov lors de son briefing quotidien.
Il a ensuite assuré que Moscou voulait des négociations "sérieuses" pour aboutir à une paix dans le conflit, déclenché par l'invasion russe à grande échelle du territoire ukrainien en février 2022 et dont le bilan se chiffre au moins en dizaines de milliers de morts, auxquelles s'ajoutent d'immenses destructions.
Les ministres des Affaires étrangères de la France, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, l'Espagne, le Royaume-Uni ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'UE, ont réitéré lundi leur demande d'une trêve de 30 jours.
"Jusqu'à présent, la Russie n'a montré aucune intention sérieuse de faire des progrès. Elle doit le faire sans tarder", ont-ils déclaré, dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Londres.
- Accélération diplomatique -
Les tractations diplomatiques se sont accélérées ces trois derniers jours, alors que les discussions indirectes entre Kiev et Moscou, initiées mi-février par Donald Trump, semblaient dans l'impasse.
Des discussions directes jeudi à Istanbul seraient une première depuis le début de l'invasion russe de février 2022, lorsque qu'une série de réunions bilatérales, également menées pour partie en Turquie, avaient échoué à déboucher sur un cessez-le-feu.
Pour le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko, la proposition de Volodymyr Zelensky de rencontrer M. Poutine est une manœuvre "tactique" pour mettre le président russe en difficulté dans le processus de négociations.
"Si Poutine refuse (cette invitation), cela veut dire qu'il ne veut pas négocier, et pourrait avoir l'air d'un loser aux yeux de Trump", estime cet expert, qui considère le dirigeant américain comme "la principale force directrice" derrière ces pourparlers.
- "Causes profondes" -
Parallèlement, les attaques russes nocturnes contre l'Ukraine se sont poursuivies, comme quasiment chaque jour depuis février 2022.
Lundi matin, un drone russe a également fait un mort et trois blessés dans la région de Soumy (nord-est), selon les autorités ukrainiennes.
Dans la partie de la région de Kherson (sud) occupée par Moscou, des frappes de drones ukrainiens ont tué quatre civils, a rapporté lundi Vladimir Saldo, le responsable local nommé par la Russie, qui occupe toujours près de 20% du territoire ukrainien.
Vladimir Poutine - qui réclame toujours la capitulation de facto de l'Ukraine, son renoncement à rejoindre l'Otan ou encore qu'il puisse garder les territoires ukrainiens annexés par Moscou - semble temporiser, sachant son armée en position favorable sur le front.
Lundi, l'armée russe a ainsi revendiqué la prise d'un nouveau village dans la région de Donetsk (Est).
Samedi, M. Poutine n'avait cependant "pas exclu" que l'idée d'un cessez-le-feu soit discutée lors de pourparlers à Istanbul, qui doivent, selon lui, porter avant tout sur "les causes profondes du conflit".