UE : vers des règles budgétaires adaptées aux contraintes "spécifiques" de chaque Etat membre?
Telle est la demande de la ministre espagnole de l'Economie, qui plaide pour une refonte du Pacte de stabilité.
Une réforme des règles européennes est nécessaire pour permettre aux États membres de définir "leurs propres objectifs" budgétaires et mieux prendre en compte les contraintes "spécifiques" de chaque pays, a estimé lundi 7 février la ministre espagnole de l’Économie.
"Les ratios actuels de dette publique rapportés au PIB sont beaucoup plus élevés qu'avant la pandémie dans tous les pays de l'UE", a souligné Nadia Calviño, lors d'un colloque à Madrid aux côtés de Paschal Donohoe, président de l'Eurogroupe et ministre des Finances de l'Irlande.
"Les Etats membres doivent jouer un rôle-clé dans la définition de leurs propres objectifs"
"Par conséquent, la trajectoire de réduction de la dette publique doit être adaptée à cette nouvelle réalité et tenir compte des circonstances spécifiques de chaque pays", a poursuivi Mme Calviño, en appelant à avancer "sans perdre de temps" dans la réforme des règles budgétaires.
En vertu du Pacte de stabilité, le déficit public des États membres ne doit pas dépasser 3% de leur PIB et leur dette publique doit rester inférieure ou égale à 60% de la richesse nationale produite, même si des aménagements ponctuels sont possibles.
Or, la pandémie de Covid-19 a fait s'envoler les niveaux d'endettement, estimé à près de 115% du PIB fin 2021 en France et à près de 122% en Espagne, rendant ces règles parfois difficiles à satisfaire sans mesures d'austérité majeures.
Pour éviter une telle situation, "les États membres" de l'Union européenne "doivent jouer un rôle clé dans la définition de leurs propres objectifs budgétaires", a estimé Nadia Calviño, pour qui l'UE doit éviter de reproduire "les erreurs" commises après la crise financière de 2008.
A l'époque, Bruxelles avait demandé aux États membres de revenir rapidement dans les clous budgétaires pour éviter une envolée de leur dette publique. Mais ce retour précipité à la rigueur, selon les économistes, a enrayé la reprise et affaibli durablement l'économie du continent.
"Nous sommes tous conscients des leçons de la crise passée", a reconnu lundi Paschal Donohoe. Il est pour cela nécessaire de trouver un "équilibre entre la viabilité de la dette et la façon dont nous finançons la croissance et l'investissement", a-t-il ajouté.
Ces propos surviennent alors qu'un débat est ouvert au sein de l'UE sur l'avenir des règles communes, suspendues jusqu'en 2023 à cause de la pandémie, et que certains pays, dont la France, l'Italie et l'Espagne, souhaitent réformer.
Cette volonté se heurte aux réticences de plusieurs États membres, à l'image de l'Allemagne, qui a insisté mi-janvier sur la nécessaire "réduction de la dette souveraine" de l'UE, par la voix de son ministre des Finances Christian Lindner.