Tierno Monénembo -La langue du Bon Dieu

information fournie par Le Point 05/07/2019 à 08:25

Un drôle d'événement agite en ce moment les milieux religieux conservateurs de Guinée. Ismaël Nanfo Diaby, un imam de la ville de Kankan, a délibérément ignoré l'arabe pour diriger la prière en malinké, l'une des langues du pays. Mal lui en prit. Depuis, une à une, les foudres de Mahomet s'abattent sur lui. Son collègue de Labé l'a maudit. Celui de Kipé a appelé à le jeter en prison. Le ministère des Affaires religieuses l'a suspendu de toutes ses fonctions. Les fidèles les plus excités menacent de brûler sa maison. Alors, question : quelle est la langue du Bon Dieu ? Le sanskrit, l'espéranto, le volapük ou le sabir d'avant la tour de Babel ?Lire aussi Littérature - Céytu : là où le wolof tutoie les grandes ?uvres francophonesLire aussi Livres - Ngugi wa Thiong'o, rencontre avec un géant des lettresD'ordinaire, les prières musulmanes se font en arabeEst-il réellement interdit de réciter le Coran autrement que dans la langue du Prophète ? Qu'est-ce qui dicte cela ? Le Coran ? Si oui, dans quelle sourate ? Les hadiths ? Alors, lequel ? Pour accéder au Bon Dieu, faut-il passer par une ou plusieurs langues ? Faut-il lui parler dans un bon yiddish ou dans un mauvais hébreu, dans un bon ligure ou dans un mauvais latin ; dans un bon haoussa ou dans un mauvais arabe ? Aucune réponse à ce jour ! Laissons, les voies de Dieu sont impénétrables, ses canaux de communication aussi !Toutes les religions sont concernéesIl reste que...