Salaires, conventions : l'OIT lance un plaidoyer pour les syndicats et la négociation collective
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/05/2022 à 11:13

Cet appel intervient en plein mouvement de syndicalisation des géants américains Amazon et Starbucks.

Aux Etats-Unis, les données montrent que seuls 6% des travailleurs du secteur privé sont syndiqués (illustration) ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MICHAEL M. SANTIAGO )

Revitaliser les syndicats et favoriser les négociations collectives est essentiel pour garantir une protection adéquate à tous les travailleurs dans l'ère post-pandémie, a estimé l'Organisation internationale du travail (OIT) jeudi 5 mai.

Dans un premier d'une série de rapports sur le dialogue social, l'OIT lance un plaidoyer en faveur des syndicats et de la négociation collective. Selon l'OIT, la négociation collective peut réduire efficacement les inégalités salariales, que ce soit dans une entreprise, un secteur ou une industrie.

Le rapport se fonde sur un examen des conventions et pratiques collectives dans 80 pays à différents niveaux de développement économique et sur les cadres juridiques et réglementaires de 125 pays.

"Les pays où la couverture des employés par les conventions collectives est élevée sont aussi ceux où les différences de salaires sont les plus faibles", a déclaré le directeur général de l'OIT, Guy Ryder, en conférence de presse.

La négociation collective a également joué un rôle important dans l'atténuation de l'impact de la crise causée par la pandémie de Covid-19 sur l'emploi et les revenus, contribuant selon l'OIT "à amortir certains des effets sur les inégalités tout en renforçant la résilience des entreprises et des marchés du travail en soutenant la continuité de l'activité économique".

"La négociation collective a joué un rôle crucial pendant la pandémie en forgeant la résilience en vue de protéger les travailleurs et les entreprises, de garantir la continuité des activités et de sauver des emplois et des revenus", a affirmé Guy Ryder.

"C'est un outil de résolution des problèmes extraordinairement puissant et utile", a-t-il ajouté.

Il a souligné comment de telles négociations ont, entre autres, permis de mettre en place des protections pour les travailleurs de première ligne, de protéger les emplois et les revenus, et d'empêcher la propagation du Covid sur les lieux de travail grâce au paiement des congés de maladie.

Variations considérables

Les conventions collectives signées pour faciliter le télétravail dans le cadre du Covid-19 évoluent vers des cadres de travail communs plus durables pour des pratiques hybrides et de télétravail décentes, selon l'OIT.

Un certain nombre de ces accords "re-réglementent" le temps de travail, en instituant des périodes de repos par le biais d'un droit à la déconnexion, en fixant les jours et les heures où un employé doit être joignable d'une part, et en augmentant l'autonomie et le contrôle des travailleurs sur leurs horaires de travail d'autre part.

Chiffres clés du rapport sur le dialogue social de l'organisation internationale du Travail ( AFP / )

La négociation collective "a joué un rôle crucial pendant la pandémie" et peut, selon l'OIT, constituer un moyen efficace pour les employeurs et les travailleurs de relever les nouveaux défis qui secouent le monde du travail.

"A la lumière des transformations en cours dans le monde du travail, il faut garantir la reconnaissance effective du droit à la négociation collective pour tous les travailleurs ayant besoin de protection", a déclaré Guy Ryder. C'est loin d'être le cas actuellement.

Outre-Atlantique, des syndicats peu répandus mais bien vus

Selon le rapport, environ un tiers des salariés (35%) dans 98 pays voient leur salaire, leur temps de travail et leurs autres conditions de travail fixés par des négociations collectives autonomes entre un syndicat et un employeur ou une organisation d'employeurs.

Mais il existe des variations considérables entre les pays, allant de plus de 75% dans de nombreux pays européens à moins de 25% dans environ la moitié des pays pour lesquels des données sont disponibles.

Aux Etats-Unis, les données montrent que seuls 6% des travailleurs du secteur privé sont syndiqués. Néanmoins, un récent sondage indique que 68% des Américains ont une opinion favorable des syndicats, le niveau le plus élevé depuis 1965.

"Je perçois une amélioration (aux Etats-Unis) au niveau de la compréhension de l'importance du syndicalisme", a déclaré Guy Ryder.