Rien n'arrête les mariages au Cachemire pakistanais, pas même les tensions avec l'Inde
information fournie par AFP 04/05/2025 à 10:27

Chaudhry Junaid et Rabia Bibi lors de leur cérémonie de mariage dans le village d'Ashkot, dans la région du Cachemire administrée par le Pakistan, le 3 mai 2025 ( AFP / Farooq NAEEM )

Du côté pakistanais du Cachemire, si les échanges de tirs et les déclarations guerrières avec l'Inde voisine font craindre un embrasement, ils n'entament en rien la volonté de célébrer les mariages, "plus bel événement d'une vie".

Les tensions accrues entre les deux pays, déclenchées par l'attaque ayant fait 26 morts il y a près de deux semaines au Cachemire indien et dont New Delhi tient Islamabad pour responsable, ont placé la région frontalière au ralenti, suspendue aux décisions politiques et militaires de part et d'autre.

Dans les conflits précédents, les habitants de la vallée de Neelum, traversée par une rivière faisant office de frontière, ont souvent été les premières victimes.

Des tirs ont déjà été échangés depuis plus d'une semaine le long de la Ligne de contrôle (LoC), qui divise sur 770 km la région disputée.

"Si une guerre éclate, on y fera face", jure Shoaib Akhtar, ingénieur en génie mécanique. "Aujourd'hui, je me marie et c'est ce qui importe".

Derrière lui, ses proches soulèvent son épouse dans un palanquin traditionnel d'Asie du Sud, dans un village aux allures paisibles, à un ricochet du sol indien.

"C'est le plus bel événement d'une vie, on ne laissera rien le ruiner", poursuit-il.

La rivière Neelum coule le long de la Ligne de contrôle (LoC) entre l'Inde (gauche) et le Pakistan ( AFP / Farooq NAEEM )

Anticipant des actions militaires indiennes, le Cachemire pakistanais a fermé pour dix jours ses 1.100 écoles coraniques.

Dans les 6.000 écoles publiques, toujours ouvertes, les autorités locales ont lancé il y a quelques jours des formations aux premiers secours.

De l'autre côté de la rivière, une vaste chasse à l'homme se poursuit à la recherche des assaillants de l'attentat du 22 avril dans la ville touristique de Pahalgam, tandis que certains habitants ont préféré fuir loin de la frontière.

De part et d'autre, les touristes habituellement attirés par les températures plus clémentes que dans le reste des deux pays sont invités à faire demi-tour par les autorités.

- "Nous nous battrons" -

Des proches portent la mariée, Rabia Bibi, dans un palanquin traditionnel, vers la maison de son époux dans le village d'Ashkot, dans la région du Cachemire administrée par le Pakistan, le 3 mai 2025 ( AFP / Farooq NAEEM )

"Quand nous étions enfants, c'était déjà comme ça, mais nous n'avons et n'aurons pas peur", assure Rabia Bibi, une mariée de 18 ans vêtue de rouge, dans un autre village de la vallée.

"Nous voulons la paix pour que nos vies ne soient pas troublées", dit-elle aussi.

Plusieurs habitants de région ont dit à l'AFP avoir été invités par les autorités pakistanaises à la vigilance.

Certains ont même nettoyé d'anciens bunkers construits près de leurs maisons, vestiges de conflits antérieurs.

Inde et Pakistan revendiquent tous deux la souveraineté de l'ensemble du Cachemire, territoire à majorité musulmane, depuis la partition sanglante qui a suivi leur indépendance en 1947.

Les deux puissances nucléaires rivales s'accusent mutuellement de soutenir des groupes armés de l'autre côté de leur frontière.

Cette semaine, le Premier ministre indien Narendra Modi a donné son feu vert à une riposte militaire visant le Pakistan, qui a indiqué samedi avoir effectué un essai de lancement de missiles sol-sol pour afficher sa "préparation opérationnelle".

Même si certains sont inquiets, "nous n'avons pas annulé les cérémonies traditionnelles", indique Chaudhry Junaid, l'époux de Rabia Bibi, cuisinier de 23 ans.

La bonne humeur prime pendant la noce et parmi les invités, certains échangent même des blagues sur le Premier ministre Modi.

"Nous sommes heureux et si l'Inde a un problème, on s'en fiche", lance Mme Bibi. "Nous nous battrons pour nos intérêts et notre nation".