Quand Fabius vendait en catimini un joyau français au Qatar

information fournie par Le Point 24/04/2016 à 09:24

L'immense façade, pâle et flanquée de deux imposants pilastres, se dresse, incongrue, majestueuse, derrière les grilles du numéro 30 de la Währinger Strasse à Vienne. Le drapeau français claque encore, malmené par le vent. En bordure du parc, le restaurant est fermé, et les propriétaires, en conflit avec l'ambassade de France, ont affiché le dessin d'un village gaulois connu qui résiste, encore et toujours, à « l'envahisseur ». Au premier étage du palais, l'assistante du directeur de l'Institut culturel français, confuse, n'a plus aucun siège à offrir : les chaises ont été emportées. Le reste du mobilier, innombrable, quittera bientôt les lieux. Une partie rejoindra les réserves du mobilier national, l'autre est attendue au palais Farnèse, à Rome. On a embauché quelqu'un, six mois de travail à temps plein, pour trier les archives. Et on élague de milliers de livres l'imposante médiathèque. Dans six mois, il faudra bien avoir plié bagage : le Qatar prendra possession des lieux.

Le 11 novembre 2015, le petit État du Golfe devenait en effet propriétaire de ce palais situé en plein c?ur de Vienne que la famille Clam-Gallas, des Autrichiens esthètes, mécènes et francophiles, vendit à la France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Près de 3 000 mètres carrés de bâtiment et de dépendances, 5 hectares d'un terrain planté d'essences rares, le plus grand parc privé de Vienne et...