Présidentielle en Roumanie, l'extrême droite portée par les inquiétudes sociales
information fournie par Reuters 21/11/2024 à 17:47

(Actualisé avec détails sur George Simion)

Les Roumains sont appelés aux urnes dimanche pour le premier tour de l'élection présidentielle au terme d'une campagne marquée par les inquiétudes de la population face à la hausse du coût de la vie, thème sur lequel le leader de l'extrême droite, George Simion, entend capitaliser.

Un second tour est prévu le 8 décembre pour désigner le successeur du président sortant Klaus Iohannis, qui ne peut se représenter. Ce fidèle allié de l'Ukraine est en fonctions depuis 2014 et a été réélu en 2019 pour un second et dernier mandat.

Des élections législatives se dérouleront le 1er décembre.

Les sondages d'opinion prédisent un duel entre le Premier ministre Marcel Ciolacu, 56 ans, dirigeant depuis 2019 du Parti social-démocrate, la première formation politique de Roumanie, et le populiste George Simion, 38 ans, président de l'Alliance pour l'unité des Roumains (AUR), qui s'oppose à toute aide militaire à l'Ukraine.

La Roumanie est membre de l'Union européenne et de l'Otan.

De nombreux défis attendent le futur président : une économie européenne au ralenti, un déficit public record au sein des Vingt-Sept, qui devrait nécessiter des mesures fiscales, et l'inconnue du budget de l'Otan sous la présidence à venir du président américain Donald Trump.

Depuis l'invasion de la Russie en Ukraine en février 2022, la Roumanie a permis l'exportation de millions de tonnes de céréales via son port de Constanta, sur la mer Noire, et a fourni une aide militaire à Kyiv, notamment en faisant don d'une batterie de défense aérienne Patriot.

ADMIRATEUR DE TRUMP

Surfant sur la vague droitiste européenne, admirateur de Donald Trump, George Simion présente le scrutin comme un choix entre une classe politique qu'il juge inféodée aux intérêts étrangers, et sa vision d'une Roumanie politiquement et économiquement souveraine.

Son parti, né d'un groupe anti-vaccins durant la pandémie de Covid-19, est désormais la première force d'opposition de Roumanie. George Simion est très présent sur les réseaux sociaux, notamment TikTok où les "likes" se comptent par millions.

Il a notamment accusé le gouvernement de coalition de mieux traiter les demandeurs d'asile que les victimes des inondations meurtrières qui ont frappé le pays. Des opposants l'accusent d'être à la solde de la Russie, ce qu'il récuse, qualifiant Vladimir Poutine de "criminel de guerre".

"Je n'ai pas volé votre argent", a-t-il récemment lancé à des partisans, dans une allusion à une corruption endémique.

"Je suis l'un des vôtres, je ne suis pas comme eux. J'ai toujours été avec les gens, j'ai parlé des usines qui ferment, du chômage, de la pauvreté qui pousse les jeunes à quitter le pays", a-t-il souligné, alors que la hausse du coût de la vie taraude les foyers roumains.

Pourfendeur de l'administration bruxelloise, George Simion plaide aussi pour la réhabilitation des "valeurs familiales" et s'oppose au mariage pour tous. Il refuse également l'enseignement de la Shoah à l'école.

Mircea Geoana, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan, se présente en candidat indépendant. Dans son programme "Engagement pour la Roumanie", il promet d'accroître les capacités de défense, de moderniser les institutions et de garantir une économie plus compétitive et axée sur le digital.

Deux candidats de centre-droit sont également en lice : Nicolae Ciuca, président du Sénat et chef du Parti libéral (PNL), qui entretient des relations tendues au sein de la coalition gouvernementale avec le PSD de Marcel Ciolacu, et Elena Lasconi, chef du parti d'opposition "Union Sauvez la Roumanie" (USR).

"Le résultat est encore très difficile à prédire en raison de la forte concentration de candidats et de l'éparpillement du vote de centre-droit", note Sergiu Miscoiu, professeur de sciences politiques à l'université Babes-Bolyai.

(Reportage Luiza Ilie ; version française Mara Vîlcu, édité par Sophie Louet)