Pourparlers russo-ukrainiens en Turquie : Zelensky et les Etats-Unis sceptiques information fournie par AFP 15/05/2025 à 23:09
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a envoyé jeudi une délégation à Istanbul pour des discussions de paix avec des représentants russes, a accusé Moscou de ne pas prendre "au sérieux" ces pourparlers, sur lesquels les Etats-Unis se sont également montrés sceptiques.
A l'instar de Donald Trump, selon qui, comme il l'a clamé le même jour, "rien ne se passera (...) tant que (Vladimir Poutine) et moi ne serons pas ensemble".
Et de son secrétaire d'Etat Marco Rubio, qui a lancé, quelques heures plus tard : "Je vais être franc, je ne pense pas que nous ayons de grandes attentes quant à ce qui se passera demain", reconnaissant que la représentation russe n'est "pas au niveau que nous espérions".
Il s'agirait pourtant des premières discussions de paix directes entre Moscou et Kiev depuis mars 2022, au début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine ayant fait au moins des dizaines de milliers de morts.
- "nous attendrons" -
Le principal négociateur russe à Istanbul, Vladimir Medinsky, a déclaré qu'il attendrait la délégation ukrainienne vendredi à partir de 10 heures.
Lors d'un briefing télévisé depuis Istanbul, M. Medinsky a déclaré : "Demain matin, littéralement à partir de 10 heures, nous attendrons la partie ukrainienne, qui doit se présenter à la réunion".
Mais des avancées sont si incertaines qu'une source au ministère turc des Affaires étrangères a affirmé dans la soirée que "des négociations trilatérales" - entre les États-Unis, l'Ukraine, la Turquie, d'une part, et entre la Fédération de Russie, l'Ukraine et la Turquie, d'autre part - étaient à l'ordre du jour vendredi à Istanbul en lieu et place des pourparlers russo-ukrainiens.
A la mi-journée, un échange d'invectives entre l'Ukraine et la Russie avait en outre eu lieu, Volodymyr Zelensky ayant qualifié de "pure façade" la délégation russe emmenée par un responsable de second plan. Il avait été traité en retour de "clown" par la diplomatie russe.
Les négociateurs ukrainiens "auront un mandat pour un cessez-le-feu" et seront dirigés par le ministre de la Défense, Roustem Oumerov, a toutefois fait savoir le président ukrainien qui, lui, ne sera donc pas présent, après un entretien jeudi à Ankara avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.
Pour sa part, M. Medinski a martelé que son pays considérait que les nouveaux pourparlers devaient s'inscrire dans "la suite" des négociations bilatérales avortées de 2022.
Il a assuré être prêt à de "possibles compromis", sans les détailler, et précisé que sa délégation avait "toutes les prérogatives" pour prendre des décisions, ce que le président ukrainien avait précédemment mis en doute.
- Poutine absent -
En dépit de l'importance de cette réunion et de la demande de M. Zelensky de discuter face-à-face, le chef de l'Etat russe, qui vient de limoger le commandant des forces terrestres, Oleg Salioukov, n'a "pas prévu pour le moment" de se rendre en Turquie, a fait savoir jeudi son porte-parole, Dmitri Peskov.
Le maître du Kremlin a préféré dépêcher une délégation avec à sa tête l'un de ses conseillers, Vladimir Medinski.
Né en Ukraine soviétique, ce dernier est connu pour sa lecture nationaliste de l'histoire de la Russie. En 2023, il avait décrété que l'Ukraine faisait "partie de la terre russe". Il avait déjà pris part aux dernières négociations de paix directes entre Kiev et Moscou, au printemps 2022.
A son arrivée à Ankara, Volodymyr Zelensky a immédiatement critiqué cette équipe de négociateurs russes, s'interrogeant sur sa capacité à "prendre des décisions".
La réponse, cinglante, n'a pas tardé de la part de Maria Zakharova, la porte-parole de la diplomatie russe : "Qui utilise l'expression de +pure façade+ ? Un clown ? Un raté ?", a-t-elle taclé.
La délégation russe s'est présentée dans la matinée à Istanbul, sans Vladimir Poutine donc, alors que le président ukrainien l'avait mis au défi d'aller "en personne" en Turquie et de l'y rencontrer.
Jeudi, après avoir vu le chef de l'Etat turc, M. Zelensky s'est dit toujours "prêt" à des "discussions directes" avec son homologue russe, tout en considérant que son absence pour l'heure était "un manque de respect" à l'égard de MM. Trump et Erdogan.