Plusieurs milliers de manifestants contre l'islamophobie dimanche à Paris information fournie par AFP 11/05/2025 à 19:14
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé dimanche à Paris à l'appel de plusieurs organisations et de personnalités pour dénoncer "la progression de l'islamophobie en France" et rendre hommage à Aboubakar Cissé, jeune Malien tué dans une mosquée du Gard.
"Le racisme, ça commence avec des mots et ça finit comme Aboubakar", clamait une pancarte visible dans le cortège où ont pris place de nombreux représentants de la France Insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon, Louis Boyard, Aymeric Caron, Aurélie Trouvé ou Eric Coquerel, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Avec la mort d'Aboubakar Cissé, une ligne rouge a été franchie", a estimé Tarek, 44 ans, cadre de production francilien, défilant sous le soleil avec un grand drapeau bleu-blanc-rouge.
Au milieu de drapeaux français et palestiniens, les manifestants scandaient notamment "non, non à l'islamophobie", avec plusieurs slogans et pancartes ciblant le ministre de l'Intérieur: "Même si Retailleau ne veut pas, nous on est là", "c'est pas les femmes voilées, c'est pas les musulmans, c'est Retailleau qu'il faut virer".
Des organisations antiracistes avaient appelé à défiler dans la capitale, où la préfecture de police a compté 3.700 participants et les organisateurs 15.000, et ailleurs en France: ils étaient quelque 400 à Lille, environ 200 à Lyon selon la préfecture, 150 à Marseille selon les organisateurs et la préfecture de police.
Le député LFI Éric Coquerel a déploré une "augmentation de l'islamophobie de manière incontestable, jusqu'à la mort d'Aboubakar Cissé dans une mosquée". "Jamais on ne dira assez la responsabilité du ministre Retailleau qui fusionne droite et extrême droite", a-t-il lancé, assurant à "nos compatriotes de confession musulmane" qu'"on ne lâchera rien".
"L'islamophobie tue, blesse, discrimine, humilie... Stop", pouvait-on lire sur une pancarte à Marseille, où, dans le rassemblement, se trouvaient aussi un prêtre catholique, le père Joseph Sene, 36 ans, "venu soutenir nos frères musulmans", et un pasteur protestant, Bryan Parrish, 63 ans, pour lequel "on peut très bien vivre ensemble".
Les trois premiers mois de l'année ont enregistré une augmentation des actes antimusulmans de 72% par rapport à la période en 2024 avec 79 cas recensés, selon un décompte du ministère de l'Intérieur.
Yassine Benyettou, secrétaire national du collectif RED Jeunes et coorganisateur de la marche, a déploré cette semaine "une peur constante" grandissante dans la communauté musulmane, estimant que la "parole décomplexée" d'une partie de la classe politique alimente un climat antimusulman.
Le meurtre d'Aboubakar Cissé a ravivé un débat autour du terme même d'"islamophobie".
Bruno Retailleau, dont l'attitude dans cette affaire a été critiquée à gauche et par des proches de la victime, a estimé qu'"il y a une connotation idéologique du terme +islamophobie+ très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l'utiliser".
Le Premier ministre François Bayrou a au contraire défendu l'emploi du terme "islamophobe" dans cette affaire.
Ce débat a trouvé un écho dans le cortège parisien dimanche avec cette pancarte brandie par un manifestant: "Ils ne sont pas islamophobes, c'est juste qu'ils n'aiment pas les musulmans".