Olivier Faure réélu à la tête d'un PS à "rassembler" et à crédibiliser pour 2027 information fournie par AFP 06/06/2025 à 21:32
Réélu de justesse à la tête du Parti socialiste, Olivier Faure va devoir s'atteler à la lourde tâche de "rassembler" le parti, toujours divisé sur la ligne stratégique, et lui permettre de se poser en alternative crédible pour 2027, sur le projet et le candidat.
Le patron des socialistes, réélu sur le fil dans la nuit de jeudi à vendredi, avec 50,9% des voix, contre 49,1% pour Nicolas Mayer-Rossignol, a dit sur TF1 vouloir "rassembler" sa famille politique, après plusieurs mois de campagne qui ont étalé de profondes divisions internes, mais aussi "rassembler la gauche et les écologistes" et "renverser la table" face à "l'internationale réactionnaire".
Un peu plus tôt, Nicolas Mayer-Rossignol l'a exhorté à répondre aux attentes de "changement", d'"affirmation" et de "clarté" dans les alliances avec LFI, exprimées par une partie des électeurs.
Le score serré oblige la direction sortante à donner "des gages", a-t-il martelé lors d'une conférence de presse. Le député Philippe Brun a assuré qu'ils étaient "ouverts au rassemblement", mais "nous n'irons pas dans une direction s'il n'y a pas de discussions sur le fond, ni de motion de synthèse".
Dans le camp d'Olivier Faure, on se dit disposé à travailler avec Boris Vallaud et Nicolas Mayer-Rossignol, mais "sur la base de la ligne qui a gagné le congrès".
Une gageure, d'autant que Nicolas Mayer-Rossignol a régulièrement accusé Olivier Faure de "gestion clanique", de manque de travail et d'"ambiguïté" vis-à-vis de LFI.
Le premier secrétaire a promis, comme ses concurrents, qu'il n'y aurait pas d'accords nationaux avec la formation mélenchoniste pour les prochaines échéances électorales.
- Accords au cas par cas avec LFI-
Mais le PS pourrait à nouveau discuter d'accords "au cas par cas" avec LFI pour contrer le Rassemblement national, a nuancé vendredi la maire de Nantes Johanna Rolland, proche d'Olivier Faure. M. Mayer-Rossignol a exigé "une clarté absolue sur le refus de ce type d'alliance".
Olivier Faure a répondu sur TF1 qu'il existait déjà des coalitions avec LFI dans certaines villes. "Partout où ça existe, je vois pas pourquoi on y renoncerait".
En début de nuit, les résultats provisoires avaient donné lieu à une querelle de chiffres, laissant craindre le même pugilat qu'au congrès de Marseille en 2023.
Mais les deux concurrents ont eu à cœur de ne pas rejouer le même scénario, et Olivier Faure a finalement été annoncé vainqueur vers 4H00 du matin, son concurrent reconnaissant sa défaite.
Les résultats seront officiellement validés lors d'un congrès à Nancy du 13 au 15 juin.
Olivier Faure a bénéficié du soutien de Boris Vallaud, le troisième homme du congrès, qui n'avait pas donné de consigne de vote mais indiqué qu'il voterait pour lui.
Le premier secrétaire doit désormais réconcilier un parti divisé notamment sur la stratégie pour la présidentielle.
Lui, tout comme Boris Vallaud, prônent une candidature commune de la gauche non-mélenchoniste pour 2027, allant du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l'ex-député LFI François Ruffin.
Nicolas Mayer-Rossignol défend pour sa part une candidature issue d'"un grand Parti socialiste" réunissant les socialistes et ceux qui gravitent autour, comme Bernard Cazeneuve ou Raphaël Glucksmann.
Sur LCI, le leader de Place Publique a adressé ses félicitations à Olivier Faure - avec qui il nourrit une relation en dents de scie - en rappelant qu'il était "allié" avec le PS.
Bernard Cazeneuve, de son côté, a profité de ce scrutin pour inviter vendredi soir dans une vidéo ceux qui le souhaitent à le rejoindre, plaidant pour retrouver "l'esprit de responsabilité" pour gouverner.
- Faire émerger un candidat -
A 56 ans, Olivier Faure va devoir donner un nouvel élan en vue des élections municipales puis présidentielle, alors qu'il dirige le parti depuis 2018.
Il a déjà annoncé que les axes programmatiques seraient dévoilés lors des journées d'été du parti à Blois fin août, avant la présentation d'un projet fin novembre. Le camp Mayer-Rossignol réclame "une phase de six mois pour préparer un vrai programme", qui ne sera pas "l'actualisation de celui du Nouveau Front populaire".
Dans un parti de seulement 40.000 adhérents, et où ses concurrents ont répété à l'envi que le PS ne produisait plus d'idées, Olivier Faure devra en outre faire émerger un candidat socialiste potentiel.
Beaucoup en interne sont persuadés qu'il souhaite endosser le costume, même s'il s'est gardé d'exprimer toute ambition. Tout juste a-t-il concédé qu'il ne se "déroberait" pas.
"Sa légitimité pour une éventuelle candidature n'est pas renforcée par le résultat" du scrutin, a remarqué M. Mayer-Rossignol.