Numérique : face à la concurrence du privé, l'Etat peine à trouver ses experts
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/12/2022 à 16:33

La grande transformation numérique de l'Etat se heurte aux difficultés de recrutement.

Les problèmes de recrutement concernent d'ailleurs "l’ensemble des employeurs de compétences numériques du pays" ( AFP / JEFF PACHOUD )

Recrutement, féminisation, concurrence avec le privé: comme le souligne Xavier Albouy, un expert de l'administration, dans un entretien à l'AFP, les défis sont nombreux pour les employeurs publics qui cherchent à recruter dans les métiers du numérique.

Alors que se tient jeudi à Paris le Forum de l'emploi numérique de l'Etat, "il n’y a aucun métier" qui ne soit en tension dans cette filière qui emploie autour de 18.000 agents publics, explique ce directeur adjoint de la Direction interministérielle du numérique (Dinum), chargée de piloter la politique numérique de l'Etat.

En matière de recrutement, "il y a quelques métiers particulièrement sensibles, notamment parce que ce sont des métiers assez nouveaux au sein de l’administration: data scientists (spécialistes de la donnée), UX designers (spécialistes de l'expérience utilisateur), développeurs full stack (polyvalents)", énumère Xavier Albouy. "Mais on a aussi des difficultés sur des métiers plus traditionnels d’architecte, de responsable sécurité, d’ingénieur système" , précise-t-il.

Les problèmes de recrutement concernent d'ailleurs "l’ensemble des employeurs de compétences numériques du pays", dans le public comme dans le privé. "C’est pareil à l’échelon international", poursuit Xavier Albouy.

"Ce qui change, c’est qu’on est de plus en plus en compétition et il ne suffit pas simplement d’ouvrir une fiche de poste pour que des nuées de candidats se ruent tels des affamés sur cette belle aubaine. Il faut qu’on attire, qu’on convainque", par exemple en organisant des rencontres entre candidats et recruteurs comme au Forum de l'emploi numérique. A l'occasion de ce forum qui s'est tenu en ligne du 1er au 14 décembre avant de se conclure physiquement jeudi dans la capitale, quelque 300 postes sont à pourvoir.

Féminisation

Pour attirer les candidats, "on essaie d'activer tous les leviers", explique Xavier Albouy.

"On a un avantage concurrentiel: nos missions ont énormément de sens. Travailler dans le domaine de l’amélioration de l’éducation, dans la protection sociale des citoyens, ce sont des choses qui peuvent attirer pas mal de personnes et on essaie d’en jouer, ça fait partie de nos points forts", argumente-t-il.

A l'inverse, la lenteur des processus de recrutement et les niveaux de salaire pénalisent encore trop souvent les employeurs publics dans leur quête de nouvelles recrues, concède le directeur adjoint de la Dinum.

"Sur la question des rémunérations, on arrive de plus en plus à recruter des personnes au tarif du marché", se satisfait-il néanmoins.

Malgré la récente nomination de la polytechnicienne Stéphanie Schaer à la tête de la Dinum, un autre défi consiste à féminiser davantage la filière numérique de l'Etat qui compte "beaucoup moins" de femmes alors qu'elles occupent deux tiers des emplois de la fonction publique.

"Là encore, ce n'est pas une spécificité de l’employeur public", relève Xavier Albouy. "Dans les métiers de la technologie, la part de femmes est réduite, et encore plus réduite si on regarde les métiers à forte composante technique et les postes à responsabilité", regrette-t-il.

Dans les ministères, "de plus en plus de directeurs du numérique sont des directrices", se réjouit-il néanmoins, rappelant aussi l'existence de programmes de coaching à destination des agentes.