Nucléaire: l'Iran a tenu des discussions avec les puissances européennes information fournie par AFP 16/05/2025 à 19:45
L'Iran a eu vendredi à Istanbul des discussions avec les puissances européennes sur son programme nucléaire, un dossier sur lequel le président américain Donald Trump a pressé la République islamique de "bouger".
Le trio européen Allemagne, France, Royaume-Uni -connu sous le nom de E3- fait partie des puissances mondiales, avec la Chine, la Russie et les Etats-Unis, qui ont négocié l'accord nucléaire historique de 2015 avec Téhéran, prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée des sanctions internationales.
Le texte est devenu de facto caduc à la suite de la décision unilatérale de Washington de s'en retirer en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.
La réunion d'Istanbul est intervenue après un 4e cycle de pourparlers sous médiation omanaise dimanche entre l'Iran et les Etats-Unis qui s'opposent à l'enrichissement de l'uranium par Téhéran.
Les pourparlers irano-américains visent à conclure un nouvel accord censé empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique, une ambition que Téhéran a toujours niée, en échange d'une levée des sanctions qui paralysent l'économie iranienne.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a déclaré que son pays avait discuté avec le trio européen de l'état des négociations irano-américaines, ainsi que de la levée des sanctions.
"Si nécessaire, nous nous reverrons pour poursuivre les discussions", a-t-il ajouté sur X.
- "Ils doivent bouger" -
Selon le directeur politique du ministère britannique des Affaires étrangères, Christian Turner, les différentes parties à Istanbul ont réaffirmé leur "engagement au dialogue, salué les discussions en cours entre les Etats-Unis et l'Iran et en raison de l'urgence, sont tombés d'accord pour se réunir de nouveau".
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a de son côté rencontré à Istanbul des conseillers diplomatiques et à la sécurité, français, britannique et allemand pour parler de l'Iran et l'Ukraine, a indiqué un responsable américain.
"Ils (les Iraniens, ndlr) ont une proposition, mais surtout, ils savent qu'ils doivent bouger rapidement ou que quelque chose de mauvais arrivera", a déclaré vendredi M. Trump au terme de sa tournée dans le Golfe.
La veille, il avait dit que Téhéran et Washington se rapprochaient d'un accord.
Le même jour, le site d'information américain Axios, citant un responsable américain, a rapporté que l'administration Trump avait remis à l'Iran une "proposition écrite" en vue d'un accord sur le nucléaire.
Mais vendredi, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a indiqué sur X que "l'Iran n'a reçu aucune proposition écrite des Etats-Unis, que ce soit directement ou indirectement".
Les Occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis, et Israël, soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, mais ce pays affirme que son programme est destiné uniquement à des fins civiles.
- "Rameau d'olivier" -
Dans une tribune publiée dimanche sur le site de l'hebdomadaire français Le Point, M. Araghchi a mis en garde les pays européens contre leur "stratégie de confrontation".
Fin avril, son homologue français, Jean-Noël Barrot, a affirmé que le groupe E3 n'hésiterait "pas une seule seconde" à rétablir des sanctions contre Téhéran si la sécurité européenne était menacée par son programme nucléaire.
Les diplomates européens font valoir qu'ils disposent de la possibilité d'enclencher le "snapback", un mécanisme de l'accord de 2015 qui permet de rétablir les sanctions internationales contre Téhéran.
Après son retour à la Maison Blanche en janvier, M. Trump a relancé sa politique dite de "pression maximale" sur l'Iran, l'exhortant à négocier un nouvel accord tout en menaçant de le bombarder en cas d'échec de la diplomatie.
Mardi à Ryad, M. Trump a indiqué avoir tendu aux dirigeants iraniens un "rameau d'olivier", ajoutant qu'il s'agissait d'une offre qui ne durerait pas éternellement.
Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei, a affirmé cette semaine que l'Iran s'engagerait à ne jamais fabriquer d'armes nucléaires, à se débarrasser de ses stocks d'uranium hautement enrichi, à n'enrichir l'uranium qu'aux niveaux nécessaires à un usage civil et à autoriser l'inspection du processus par des experts internationaux, en échange de la levée immédiate de toutes les sanctions économiques.
L'Iran enrichit actuellement l'uranium à 60%, bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord nucléaire de 2015, alors qu'un taux de 90% est nécessaire pour un usage militaire.
Téhéran insiste sur son droit à poursuivre l'enrichissement de l'uranium, mais souligne qu'il serait ouvert à des réductions temporaires du niveau et du volume de l'enrichissement.