Nitrites dans la charcuterie : l'Anses établit un lien direct avec le cancer colorectal
information fournie par Boursorama avec Media Services 11/07/2022 à 15:29

En février, l'Assemblée nationale quasi unanime avait voté le principe d'une "trajectoire de baisse" des doses maximales d'additifs nitrés dans la charcuterie, sans toutefois les interdire dans l'immédiat.

( AFP / DANIEL ROLAND )

L'Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses) établit un lien direct entre la présence d'additifs nitrités dans la charcuterie et le risque de développer un cancer colorectal, indique lundi 11 juillet RMC , qui a consulté l'avis que l'agence doit rendre public mardi.

L'OMS avait estimé en 2018 que 3.880 cancers du côlon et 500 cancers de l'estomac étaient attribuables à la consommation de charcuterie en France en 2015 .

L'avis de l'Anses, qui est attendu par l'exécutif et par le Parlement pour envisager une loi, ne prend pas de détours : l'exposition aux nitrates et aux nitrites, notamment contenus dans la charcuterie industrielle, provoque un risque de cancer colorectal.

Dans son rapport, l'agence demande par ailleurs de recenser tous les aliments et ingrédients qui exposent la population à ces additifs nitrités. Mais l'Anses ne demande pas une révision des doses journalières admissibles pour le moment, notamment parce qu'une réduction pourrait engendrer des risques microbiologiques pour les aliments.

Les industriels peuvent s'adapter

L'agence note toutefois que les industriels ont la capacité de s'adapter , en modifiant les processus de fabrication ou en réduisant la durée de vie des produits.

En février, l'Assemblée nationale quasi unanime avait voté le principe d'une "trajectoire de baisse" des doses maximales d'additifs nitrés dans la charcuterie, mais sans aller dès à présent vers une interdiction de ces conservateurs controversés.

Historiquement, les charcutiers recourent aux composants nitrés pour allonger la durée de conservation des produits et prévenir le développement de bactéries pathogènes à l'origine notamment du botulisme, une affection neurologique grave largement oubliée du fait des progrès sanitaires.

En plus de donner sa couleur rose au jambon, naturellement gris, ils permettent aussi d'utiliser de la viande de moins bonne qualité, moins chère, tout en gagnant du temps dans les procédés de séchage, selon un rapport parlementaire de 2021, cosigné par le député centriste du Loiret, Richard Ramos.

En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la viande transformée, notamment la charcuterie, comme cancérogène (catégorie 1). Elle favoriserait, entre autres, les cancers colorectaux. Les nitrites ingérés sont quant à eux considérés comme des cancérogènes probables (catégorie 2A).