Nîmes: six blessés, dont quatre mineurs, dans une fusillade, sur fond de trafic de drogue
information fournie par AFP 28/06/2025 à 17:17

La nature exacte des blessures des personnes touchées n'était pas immédiatement connue, pas plus que leurs âges ( AFP / Fred TANNEAU )

Une fusillade a fait six blessés, dont quatre mineurs, vendredi soir à Nîmes, lorsque des tireurs ont ouvert le feu sur une place entourée d'immeubles, vraisemblablement sur fond de rivalités liées au trafic de drogue.

La fusillade a éclaté peu avant 19H00 dans le quartier populaire de Valdegour, dans l'ouest de la ville, limitrophe du quartier de Pissevin, gangréné par le trafic de stupéfiants et déjà théâtre de plusieurs fusillades sanglantes.

Elle a fait six blessés "âgés de 15 ans, deux de 16 ans, 17 ans, 18 ans, et 20 ans", a précisé la procureure de Nîmes Cécile Gansac dans un communiqué samedi après-midi, après que des informations de sources policières eurent évoqué jusqu'à huit personnes touchées.

"Les victimes de 15 ans et 17 ans restent hospitalisées dans un état préoccupant. Leur pronostic vital ne serait cependant plus engagé", a ajouté la procureure.

"Trois ont été victimes d'éclats de balles et présentent un état de santé hors de danger" et la plus âgée est sortie de l'hôpital, selon la magistrate.

Le communiqué indique qu'à l'arrivée de la police sur les lieux vers 19H00, des témoins de l'attaque "faisaient état de tirs en rafale par des individus arrivés et repartis en véhicule".

"Les investigations techniques et scientifiques se poursuivent actuellement afin d'identifier le ou les auteurs des faits, de déterminer les circonstances exactes du passage à l'acte, ses causes et ses motivations", poursuit Cécile Gensac.

Elle n'avance pas de piste privilégiée, alors que des sources ont rapidement évoqué un possible conflit autour du trafic de stupéfiants, présent dans le quartier de Valdegour, où a eu lieu la fusillade, et dans le quartier voisin de Pissevin.

Des sources policières ont de leur côté fait état de témoignages évoquant trois personnes arrivant du quartier de Pissevin et ayant ouvert le feu avant de s'enfuir à bord de deux véhicules. Une vingtaine d'étuis de calibre .222 Remington, plutôt utilisé pour le tir sportif ou la chasse, ont été retrouvés sur place, selon ces sources.

Il n'était pas clair si les personnes touchées étaient directement visées ou des victimes collatérales, alors qu'au moment de l'attaque, selon des témoignages, la place commençait à se remplir d'habitants sortant de chez eux après une journée de chaleur caniculaire.

- "Il faut faire quelque chose" -

Le quartier de la place Avogadro où s'est déroulée la fusillade est "cartographié comme étant un point de deal", avait précisé tard vendredi Nathalie Welté, procureure adjointe de Nîmes.

Le quartier de Pissevin à Nîmes, le 16 mai 2025 ( AFP / Sylvain THOMAS )

Et selon une source proche de l'enquête, une rivalité sur fond de stupéfiants pourrait être à l'origine de la fusillade. Le quartier voisin de Pissevin, dont 70% des 16.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté, est en effet connu pour ses points de deal et a été lui aussi théâtre de fusillades liées au trafic.

En août 2023, un garçonnet de 10 ans y avait été tué, fauché par une balle perdue, déclenchant une vive émotion. Des ministres de l'Intérieur se sont régulièrement rendus sur place et une importante opération de rénovation y a été lancée l'an dernier.

"Ce ne sont pas des gens d'ici, ce sont des gens d'en bas, de la Zup Sud (nom donné à Pissevin, NDLR) qui font ça. Ils ont toujours fait ça, et ils continueront toujours tant que la loi ne fait pas son travail", réagissait samedi matin un habitant du quartier Valdegour, qui n'a pas souhaité donner son nom mais seulement son âge, 28 ans.

"Nous, on en a marre, on a peur, on n'est plus en sécurité ici (...). Il faut faire quelque chose", a-t-il dit à l'AFP.

"Ils ont mis un commissariat, mais il ne sert à rien, on ne voit jamais de policiers, on ne voit jamais de patrouille qui passe, rien, ce n'est pas normal", a souligné le jeune homme, l'un des rares riverains à s'aventurer dans le quartier écrasé de chaleur et où aucune présence des forces de l'ordre n'était visible.

Possibles stigmates de la fusillade, des traces de sang étaient elles toujours visibles samedi, de même qu'un impact de balle sur un poteau.