Les Gazaouis, toujours bombardés, espèrent une campagne de vaccination contre la poliomyélite
information fournie par Reuters 29/08/2024 à 14:29

par Nidal al-Mughrabi et Mohammad Salem

Les bombardements israéliens se poursuivaient jeudi contre la bande de Gaza, faisant au moins 34 morts dans l'enclave palestinienne où l'Onu espère entamer le 1er septembre une campagne de vaccination contre la poliomyélite.

Huit personnes, dont des enfants, sont mortes dans le bombardement d'une maison dans la ville de Gaza, ont rapporté des sources médicales palestiniennes. Des habitants sont parvenus à glisser une échelle dans les décombres pour tenter de sauver une famille prise au piège, mais seule une petite fille en vie a pu être extraite du bâtiment.

"Après, les flammes les ont engloutis, on n'a pas pu les atteindre", a raconté un voisin.

A Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, un tir de missile israélien contre une moto a fait trois morts, selon des sources médicales, qui recensaient jeudi, à ce stade, "au moins 34 morts".

Les Nations unies ont appelé à une trêve dans les combats pour pouvoir engager un programme de vaccination à grande échelle contre la poliomyélite qui sévit sur le territoire.

La "polio" est une maladie virale très contagieuse qui s'attaque au système nerveux et peut provoquer des paralysies irréversibles.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état le 23 août d'au moins un cas de paralysie due à un poliovirus de type 2, chez un bébé qui aura un an le 1er septembre. Il s'agit du premier cas diagnostiqué dans la bande de Gaza en 25 ans.

L'Onu compte vacciner les quelque 640.000 enfants toujours dans l'enclave.

"C'EST UN CHOC"

Juliette Touma, directrice de la communication de l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a dit avoir bon espoir que les vaccinations commencent dimanche.

"J'ai été choquée d'apprendre que mon fils a attrapé cette maladie, dans ces conditions, la guerre, la fermeture des frontières, le manque de médicaments. C'est un choc. Va-t-il rester ainsi?", a dit jeudi à Reuters la mère du nourrisson, Nivin Abou al Djidyane.

"C'est mon seul garçon. C'est son droit de se déplacer et d'être soigné. C'est son droit de marcher, de courir et de bouger comme avant. C'est injuste de le laisser comme ça, sous une tente, sans soin ni attention", déplore-t-elle.

La famille vit dans une tente à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza.

A l'hôpital Nasser, dans la ville de Khan Younès (Sud), Oum Eliane Baker craint pour sa fille de 19 mois. La malnutrition l'a affaiblie et elle redoute qu'elle ne contracte la poliomyélite.

Elle espère que sa fille sera bientôt vaccinée mais souligne la dangerosité de tout déplacement.

"Je ne peux pas sortir dans la rue et être bombardée, je ne veux pas qu'il arrive quelque chose à ma fille, ou que l'on soit visées. Il faut une trêve, un cessez-le-feu, pour que ma fille puisse avoir son vaccin", témoigne-t-elle.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a démenti cette semaine des informations de presse selon lesquelles une trêve humanitaire globale était envisagée pour le territoire palestinien.

"Il n'y a pas de pause dans les combats pour l'administration des vaccins contre la polio. Seuls certains lieux de la bande de Gaza ont été retenus à cette fin", a-t-il précisé dans un communiqué.

Izzat al Reshiq, membre du bureau politique du Hamas, a estimé que la mise au point de Benjamin Netanyahu visait à entraver la campagne de vaccination des Nations unies.

(Nidal al-Mughrabi au Caire et Mohammed Salem à Gaza, avec la contribution de Dawoud Abu Alkas à Gaza et Angel Maytaal à Jérusalem; version française Sophie Louet, édité par Tangi Salaün)