Les artisans n'en finissent pas de subir la crise du bâtiment
information fournie par Boursorama avec Media Services 30/04/2025 à 10:00

En 2024, 27.300 emplois salariés ont été supprimés chez les artisans du bâtiment, tandis que les défaillances d'entreprises ont bondi.

( AFP / DAMIEN MEYER )

Si certains acteurs du secteur voient des signaux "encourageants" de reprise dans le bâtiment, l'embellie n'est pas pour tout le monde. Les petits acteurs, les artisans, ont vu leur activité poursuivre son recul au premier trimestre 2025 (-5% sur un an), selon des chiffres publiés mercredi 30 avril par leur syndicat, la Capeb, qui s'inquiète des impacts sur l'emploi.

Corps de métier le plus sensible à la crise de la construction neuve, c'est la maçonnerie qui affiche la plus forte baisse de son activité (-6,5%) au premier trimestre, souligne la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). L'activité générée par la construction neuve au cours des trois premiers mois de l'année affiche un repli de 10% par rapport à la même période de 2024, et celle provenant de l'entretien et la rénovation de bâtiments existants recule de 2%.

Les travaux de rénovation énergétique effectués par des artisans baissent aussi au premier trimestre de 1,5% sur un an, alors que les chiffres du gouvernement montrent un essor des travaux de rénovation d'ampleur.

"On a la sensation que le marché (de la rénovation énergétique, NDLR) s'organise pour des gros faiseurs , des intermédiaires et qu'on ne facilite pas l'accès au marché à des très petites entreprises (TPE)", estime auprès de l' AFP Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.

"On n'est pas au point bas"

L'activité globale des artisans du bâtiment recule depuis près de deux ans , même si ce repli ralentit début 2025 après avoir baissé d'environ 6% en fin d'année dernière.

"On n'est pas au point bas et ce qui me trouble le plus, c'est l'emploi", s'inquiète Jean-Christophe Repon : en 2024, 27.300 emplois salariés ont disparu, dont 6.000 rien qu'au quatrième trimestre. Les défaillances d'entreprises artisanales du bâtiment ont bondi de 15% au quatrième trimestre de l'année dernière, par rapport à la même période en 2023, pour atteindre 4.229.

À fin mars, les carnets de commandes ne se remplissaient toujours pas : 70 jours de travail en stock en moyenne, 30% de moins que début 2022, avant que la hausse des taux d'intérêt et des coûts de construction mette un coup d'arrêt à la construction neuve.

"Les entreprises de 8 à 10 salariés passent à 4 salariés", constate le président de la Capeb : "Dégraisser les effectifs, c'est le premier moyen d'avoir moins de charges quand on n'a pas de trésorerie" .

Il dit ne pas avoir "l'impression que les pouvoirs publics aient conscience" de la gravité de la crise et accuse le gouvernement de "non-assistance à artisan en danger".