Le CIO doit adopter une position claire sur le genre, déclare Coe, candidat à la présidence
information fournie par Reuters 13/11/2024 à 22:36

par Mitch Phillips

Sebastian Coe a "lancé en douceur" sa candidature pour devenir le prochain président du Comité international olympique (CIO), déclarant mercredi qu'il s'agissait d'un poste vers lequel il avait l'impression de s'être dirigé toute sa vie et que l'instance était prête pour du changement.

Le président de World Athletics, qui fait partie des sept candidats à la succession de Thomas Bach dans ce qui serait le point culminant d'une carrière sportive extraordinairement réussie, a déclaré que le CIO avait besoin de politiques claires pour protéger le sport féminin afin d'éviter des scandales tels que celui de la boxe aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Détenteur de plusieurs records du monde, Sebastian Coe a remporté deux médailles d'or consécutives aux JO sur 1.500 mètres et, après avoir été du membre du Parlement britannique, a piloté le comité d'organisation des Jeux de Londres 2012, qui ont connu un succès retentissant.

Il est devenu président de World Athletics - la fédération internationale d'athlétisme - en 2015, initiant de vastes réformes.

"J'ai passé la plus grande partie de ma vie à m'entraîner pour cela. J'ai un plan et une vision et je pense que je peux faire la différence", a déclaré le Britannique de 68 ans lors de sa première conférence de presse officielle à Londres, avant la publication de son manifeste le mois prochain.

"Pour quelqu'un qui a rejoint un club d'athlétisme à l'âge de 11 ans, qui a passé toute sa vie dans le mouvement olympique, se voir confier ce rôle serait un honneur extraordinaire et un grand moment", a-t-il ajouté.

Sebastian Coe, membre du CIO depuis seulement quatre ans, a eu des relations quelque peu tendues avec l'organisation, bien qu'il soit à la tête de son plus grand sport.

Son action décisive pour bannir les Russes et les Biélorusses de l'athlétisme, d'abord en raison du dopage d'État puis après l'invasion de l'Ukraine, est allée à l'encontre des opinions de nombreux membres du CIO. Il en a contrarié d'autres avec sa décision d'attribuer des primes aux champions olympiques à Paris cette année, sans consulter le CIO au préalable.

NÉCESSITÉ D'UNE MODERNISATION

Il estime que le CIO est un mouvement qui a besoin d'être modernisé. "Le changement est nécessaire, mais pas au risque de déstabiliser. Nous sommes dans un paysage qui évolue rapidement et je ne suis pas sûr que l'on puisse parler de réforme radicale", a-t-il déclaré.

"Il faut changer la façon dont sont abordés les partenariats commerciaux, le modèle de diffusion, et donner plus de pouvoir aux athlètes."

Sebastian Coe a clairement indiqué qu'il ferait pression pour un changement immédiat concernant la participation des athlètes transgenres et de ceux présentant des développements sexuels différents (DSD) dans les épreuves féminines.

L'athlétisme a été le premier à formuler une politique qui les excluait largement, mais le CIO n'a pas suivi, confiant plutôt la responsabilité aux fédérations sportives.

Quand le CIO a pris en charge la gestion de la boxe amateur pour les Jeux olympiques de Paris, ce manque de clarté a été mis en lumière par les médailles d'or remportées par l'Algérienne Imane Khelif et la Taïwanaise Lin Yu-ting.

Les deux boxeuses avaient été disqualifiées des Mondiaux en 2023 par l'Association internationale de boxe (IBA), selon laquelle les tests de chromosomes étaient défavorables. L'IBA n'est plus reconnue par le CIO depuis juin 2023.

"Cela m'a mis mal à l'aise", a déclaré Sebastian Coe. "Je pense que la leçon à en tirer est qu'il faut des politiques claires et que le cadre actuel ne l'est pas assez. Pour moi, ce n'est pas négociable. Si vous ne protégez pas cette catégorie (le sport féminin), ou si vous êtes ambivalent à ce sujet, alors cela ne se terminera pas bien pour le sport féminin."

Sont également en lice pour la présidence du CIO le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), David Lappartient, le multimillionnaire et nouveau membre du CIO Johan Eliasch, la ministre des Sports zimbabwéenne Kirsty Coventry, le vice-président de l'instance Juan Antonio Samaranch, fils de l'ancien président défunt du CIO, le Prince Feisal Al Hussein de Jordanie et le président de la Fédération internationale de gymnastique, Morinari Watanabe.

(Mitch Phillips, version française Vincent Daheron)