La RDC et le Rwanda signent un accord de paix information fournie par AFP 28/06/2025 à 01:44
La République démocratique du Congo et le Rwanda ont signé vendredi, sous les auspices des Etats-Unis, un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l'est de la RDC, qui a fait des milliers de morts, Donald Trump saluant "un nouveau chapitre d'espoir".
"Aujourd'hui, la violence et la destruction prennent fin et toute la région entame un nouveau chapitre d'espoir et d'opportunités, d'harmonie, de prospérité et de paix", a déclaré le président américain à la Maison Blanche aux côtés des ministres des Affaires étrangères des deux pays.
"C'est un jour merveilleux", a-t-il ajouté à propos de cet accord qui doit également déboucher, selon lui, sur l'obtention par les Etats-Unis de droits miniers en RDC.
L'accord de paix s'inspire d'une Déclaration de principes approuvée en avril entre les deux pays, et prévoit des dispositions sur "le respect de l'intégrité territoriale et l'arrêt des hostilités" dans l'est de la RDC, après l'offensive menée par le groupe armé M23.
Il a été formellement signé vendredi lors d'une cérémonie à Washington, en présence du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et de ses homologues de la RDC et du Rwanda, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe.
"C'est un moment important après 30 ans de guerre", a déclaré le chef de la diplomatie américaine, ajoutant cependant qu'il y avait encore "beaucoup à faire".
"La première chose à faire est de commencer à mettre en œuvre le concept d'opérations pour la neutralisation des FDLR, qui s'accompagnera d'une levée des mesures défensives du Rwanda", a déclaré le ministre rwandais des Affaires étrangères, lors de la cérémonie.
L'accord est "fondé sur l'engagement pris ici de mettre fin de manière irréversible et vérifiable au soutien de l'Etat (congolais) aux FDLR et aux milices associées", a-t-il ajouté, en référence au groupe armé des Forces démocratiques de libération du Rwanda.
Le conseiller du président Trump pour l'Afrique, Massad Boulos, a lui indiqué que Kigali s'engage à la "levée des mesures défensives du Rwanda".
Toutefois, l'accord n'aborde pas explicitement les gains de territoire du M23.
L'accord comprend aussi des dispositions sur "le désengagement, le désarmement et l'intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques", ainsi qu'un "mécanisme conjoint de coordination en matière de sécurité", selon le document.
Le Qatar a également été médiateur et avait reçu mi-mars à Doha le président rwandais Paul Kagame et celui de la RDC, Felix Tshisekedi. Les deux dirigeants devraient être reçus par Donald Trump à la Maison Blanche en juillet.
Alors que Washington a mené les négociations entre les gouvernements rwandais et congolais, le Qatar s'est occupé des négociations entre le gouvernement congolais et le M23.
- Minerais essentiels -
Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l'ONU et les Etats-Unis, s'est emparé des grandes villes de Goma en janvier et Bukavu en février au terme d'une offensive éclair faisant des milliers de morts.
L'est de la RDC, riche en ressources naturelles et frontalier du Rwanda, est en proie à des violences depuis plus de 30 ans.
De multiples cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 dans l'est de la RDC en 2021, et les affrontements avec les forces gouvernementales et alliées ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire.
Kigali nie soutenir militairement le M23, mais affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d'anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994.
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC détient aussi dans ses sous-sols au moins 60% des réserves mondiales de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique, ce qui intéresse vivement le président Trump.
Au Conseil de sécurité de l'ONU, la cheffe de la mission de maintien de la paix de l'ONU en RDC, Bintou Keita, a estimé vendredi que "les tensions persistent mais les lignes de front et de négociation bougent, ouvrant la voie à la paix", évoquant une "avancée majeure vers la fin du conflit".
Le président français Emmanuel Macron a de son côté salué un "pas en avant historique après des décennies de souffrance".
Pour l'ONG Physicians for Human Rights, qui a travaillé en RDC, l'accord comporte cependant des "omissions majeures", notamment en ce qui concerne l'obligation de rendre compte des violations des droits humains. "Il ne peut y avoir de paix durable sans justice véritable", a déclaré Sam Zarifi, directeur exécutif de l'association.