La Fed devrait étudier un ciblage des taux longs, dit Brainard

information fournie par Reuters 08/05/2019 à 16:39

LA FED DEVRAIT ÉTUDIER UN CIBLAGE DES TAUX LONGS, DIT BRAINARD

RICHMOND, Virginie (Reuters) - Lael Brainard, l'un des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, a dit souhaiter mercredi que la banque centrale étudie la possibilité de fixer des objectifs précis pour les taux de plus long terme dans l'éventualité d'un futur retournement de conjoncture, afin de soutenir l'activité.

Sans faire sienne une telle stratégie, Lael Brainard a expliqué qu'elle "apprécierait d'en savoir plus", dans le contexte actuel de réflexion sur la conduite de la politique monétaire par la banque centrale américaine.

Si les taux à court terme contrôlés par la Fed doivent être de nouveau ramenés à zéro, comme cela a été le cas lors de la crise de 2007-2009, la banque centrale achèterait alors des obligations pour orienter les taux d'intérêt plus long terme vers des niveaux spécifiques.

"Une fois que les taux d'intérêt à court terme que nous ciblons traditionnellement auront touché zéro, on pourrait se tourner vers le ciblage de taux d'intérêt de plus long terme - dans un premier temps ceux à un an puis, s'il faut davantage de soutien, peut-être faire bouger la courbe jusqu'aux taux à deux ans", a expliqué Brainard lors d'une conférence à Richmond.

"Dans le cadre de cette politique, la Réserve fédérale se tiendrait prête à utiliser son bilan pour atteindre le taux d'intérêt ciblé", a-t-elle ajouté.

La Fed a acheté massivement des obligations du Trésor pendant la dernière crise pour continuer d'apporter un soutien monétaire dès lors que son taux d'intervention avait touché la borne de "zéro moins".

Mais dans le cas de cet assouplissement dit quantitatif (QE), elle avait spécifié un montant d'obligations à acheter chaque mois. En fixant des objectifs pour les taux à un ou deux ans, la Fed s'aventurerait sur un nouveau terrain, donnant aux entreprises et investisseurs une idée précise du niveau des taux qu'elle souhaite. En ce sens, elle se rapprocherait de la politique de contrôle de la courbe des rendements mise en oeuvre par la Banque du Japon.

Le fait que Lael Brainard demande d'explorer cette option montre l'étendue de la réflexion en cours sur la stratégie de la banque centrale et les outils à sa disposition.

Pour autant, la responsable a souligné que toutes les idées en débat présentaient des avantages et des inconvénients.

Une idée souvent évoquée consiste à mettre à profit des périodes d'inflation élevée pour "rattraper" celles où l'inflation est faible, a-t-elle aussi noté.

"Mais si de telles approches semblent attrayantes de prime abord, elles n'ont pas encore été mises en oeuvre en pratique. Il reste à voir si une banque centrale serait capable de supporter une inflation supérieure à l'objectif pendant une période prolongée sans craindre une accélération de la hausse des prix", a-t-elle dit.

(Howard Schneider, Véronique Tison pour le service français, édité par Patrick Vignal)