La BCE propose l'euro numérique comme réponse au 'stablecoin' de Trump information fournie par Reuters 24/01/2025 à 15:07
Les banques de la zone euro ont besoin d'un euro numérique pour éviter l'attrition liée aux "stablecoin", un type de cryptomonnaie promue par Donald Trump, a déclaré vendredi Piero Cipollone, membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne (BCE).
Donald Trump a déclaré jeudi dans un décret relatif aux cryptomonnaies qu'il allait "promouvoir le développement et la croissance des 'stablecoin' adossées au dollar dans le monde entier". Le décret interdit par ailleurs à la Réserve fédérale de lancer sa devise numérique de banque centrale.
Selon Piero Cipollone, une telle stratégie éroderait la base de clients des banques, rendant le lancement d'une devise numérique de banque centrale par la BCE encore plus important.
"Les mots clefs sont ici 'monde entier'", a souligné le responsable de politique monétaire à l'occasion d'une conférence à Francfort. "Une telle solution accélèrerait la désintermédiation bancaire, les banques perdant des frais, perdant des clients (...). C'est pourquoi nous avons besoin d'un euro numérique".
Le fonctionnement d'un "stablecoin" est comparable à celui d'un fonds monétaire exposé aux taux souverains de la devise à laquelle la cryptodevise est adossée -le dollar, pour la grande majorité d'entre elles.
Un euro numérique ressemblerait plutôt à un portefeuille en ligne garanti par la BCE mais géré par des intermédiaires, comme les banques, et permettrait à tous ses utilisateurs, même ceux ne possédant pas de compte bancaire, d'effectuer des paiements en euro.
La BCE réalise des tests sur le fonctionnement d'un euro numérique mais ne décidera de le lancer qu'une fois la législation idoine approuvée.
Pour autant, les banques s'inquiètent du projet de la BCE, craignant une migration de leurs clients vers des portefeuilles garantis par la banque centrale.
Le Nigeria, la Jamaïque et les Bahamas ont déjà lancé des monnaies numériques et 44 autres pays, dont la Russie, la Chine, l'Australie et le Brésil, mènent des projets pilotes, selon le groupe de réflexion Atlantic Council.
(Rédigé Francesco Canepa, version française Corentin Chappron, édité par Blandine Hénault)