L'Ukraine vise la Russie avec des drones avant l'arrivée de dirigeants étrangers à Moscou
information fournie par AFP 06/05/2025 à 21:22

Le président russe Vladimir Poutine (d) et le maire de Moscou Sergueï Sobianine au Kremlin, le 5 mai 2025 à Moscou ( POOL / Vyacheslav PROKOFYEV )

L'Ukraine a lancé mardi une attaque massive de drones contre la Russie, ciblant notamment Moscou avant l'arrivée de dizaines de dirigeants étrangers, dont Xi Jinping, pour les célébrations des 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Après avoir fait face à une vague de 105 drones au cours de la nuit, la Russie a rapporté dans la soirée mardi de nouvelles attaques ukrainiennes impliquant plus de 70 engins, qui ont visé une dizaine de régions du pays.

Ces attaques ont forcé les aéroports de Moscou à imposer à plusieurs reprises des restrictions provisoires à leur fonctionnement, certains fermant leurs pistes, selon l'agence russe de l'aviation civile Rossaviatsia.

Les activités de plusieurs autres aéroports russes ont dû être suspendues, notamment dans plusieurs grandes villes du bassin de la Volga comme Nijni Novgorod, Samara, Saratov et Volgograd.

L'aéroport Vnoukovo à Moscou, le 7 septembre 2023 ( AFP / NATALIA KOLESNIKOVA )

Une vingtaine de ces drones visant Moscou et sa région ont été interceptés par la défense antiaérienne russe, selon les autorités. Des débris de drone sont tombés dans le sud de Moscou sans faire de victimes, mais dans la région de Briansk, frontalière de l'Ukraine, une femme a été tuée.

Côté ukrainien, une frappe de missile balistique russe a tué trois personnes et blessé 11 autres, dont des enfants, dans la région de Soumy (nord), confrontée à une recrudescence des frappes.

C'est dans ce contexte que la capitale russe doit accueillir vendredi un grand défilé militaire en présence de Vladimir Poutine et auquel sont attendus 29 dirigeants étrangers, dont le Chinois Xi Jinping et le brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

- La trêve "d'actualité" -

L'Ukraine, après plus de trois ans d'une offensive russe qui a entraîné la mort de dizaines de milliers de civils et de militaires, réclame toujours, sous la pression de Washington, un arrêt "inconditionnel" des hostilités avant des négociations avec la Russie.

Moscou, qui estime que Kiev utiliserait une pause de ce type pour se réarmer, veut au contraire des engagements concrets sur ses demandes maximalistes avant de s'engager à une fin globale des hostilités.

Le Kremlin a averti que l'armée russe répondrait "immédiatement" en cas d'attaque ukrainienne pendant le cessez-le-feu unilatéral ordonné par Vladimir Poutine du 8 au 10 mai, qui a été qualifié de "tentative de manipulation" par son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Moscou a assuré mardi que sa trêve restait "d'actualité".

"Si le régime de Kiev ne fait pas de même (cesser les combats, ndlr) et continue de tenter de frapper nos positions ou nos installations, une réponse adéquate sera immédiatement donnée", a menacé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

La position ukrainienne "est axée sur la poursuite de la guerre", a-t-il affirmé.

Ce week-end, Volodymyr Zelensky avait dénoncé la "performance théâtrale" de Vladimir Poutine, actant le rejet de Kiev concernant cette suspension pendant trois jours des combats ordonnée sans concertation par le maître du Kremlin le temps des célébrations de la victoire de 1945.

- Rencontre Xi-Poutine -

Sur la place Rouge, les autorités russes ont prévu vendredi un défilé de grande ampleur pour ce 80e anniversaire.

Les présidents chinois Xi Jinping et brésilien Luiz Inacio Lula da Silva sont attendus, tout comme 27 autres dirigeants étrangers, selon le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov.

Symbole du partenariat entre Moscou et Pékin face à l'Occident, MM. Poutine et Xi auront un entretien bilatéral jeudi, lors duquel ils évoqueront "les questions les plus importantes" dont "le dossier ukrainien et les relations russo-américaines", d'après M. Ouchakov.

Et des soldats chinois et de 12 autres pays défileront, a-t-il annoncé, malgré les avertissements de Kiev qui a déclaré mardi que l'Ukraine percevrait toute participation étrangère au défilé comme "un soutien à l'Etat agresseur".

"Marcher avec (les Russes), c'est partager la responsabilité du sang des enfants, civils et militaires ukrainiens", a dénoncé la diplomatie ukrainienne dans un communiqué.

Un homme observe les dégâts alors qu'un pompier ukrainien éteint un incendie au marché "Barabashovo" après une attaque de drone à Kharkiv, le 6 mai 2025 en Ukraine ( AFP / SERGEY BOBOK )

Vladimir Poutine avait déjà unilatéralement décrété, à l'occasion du weekend pascal en avril, un court cessez-le-feu, qui avait conduit à une baisse d'intensité des affrontements sans être totalement respecté par les deux camps. Il a toujours refusé un arrêt des hostilités sans conditions de 30 jours, tel que proposé par Kiev et Washington.

Dans l'Est, l'armée russe a revendiqué mardi la prise de la localité de Lyssivka.

Russes et Ukrainiens ont par ailleurs annoncé avoir échangé 205 prisonniers de guerre de chaque camp.