L'islam de France doit-il taxer le halal ?

information fournie par Le Point 03/08/2015 à 06:43

Financer en France les mosquées et la formation des imams par une taxation des produits halal ? L'idée, déjà ancienne, connaît une nouvelle jeunesse : le nouveau président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, entré en fonction le 1er juillet dernier, en fait l'un des principaux points de son programme. L'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, chargée de recherche au CNRS, à l'Institut de recherche et d'étude sur le monde arabe et musulman (Aix-en-Provence), est spécialiste du halal. Elle explique pourquoi une telle taxation par les autorités religieuses ne pourrait pas être mise en place aujourd'hui.

Le Point.fr : Le projet d'une taxe sur le halal prend modèle sur ce qui fonctionne déjà aujourd'hui pour la cacherout, les règles alimentaires juives. N'est-ce pas une bonne idée ?

Florence Bergeaud-Blackler : La cacherout s'est structurée en France il y a plusieurs siècles, dans un contexte extrêmement différent et sur un modèle artisanal. L'autorité religieuse locale avait le pouvoir sur la certification de la viande et des produits casher en général, et les croyants, loin d'être hostiles à cette répartition, trouvaient normal de participer par leur consommation à l'organisation et à la pérennité du culte. Ce système a été soutenu par l'attribution au Consistoire de Paris du monopole de l'abattage rituel pour la...