Japon-L'opposition plaide pour un relèvement des taux de la BoJ à 1% information fournie par Reuters 14/11/2024 à 11:16
par Leika Kihara et Takahiko Wada
La Banque du Japon (BoJ) devrait relever l'objectif de ses taux directeurs à au moins 1% pour mettre fin à une politique de relance "anormale" qui provoque un affaiblissement du yen, a déclaré Takeshi Shina, ministre des Finances du cabinet fantôme du principal parti d'opposition au Japon.
Dans une interview accordée jeudi à Reuters, Takeshi Shina estime que la banque centrale japonaise doit normaliser progressivement sa politique monétaire et clarifier ses intentions en la matière, car son taux directeur à court terme, actuellement à 0,25%, est bien inférieur aux niveaux jugés neutres pour l'économie.
"Le mandat de la BoJ est de parvenir à la stabilité des prix mais cet objectif n'est pas atteint car l'énorme écart entre les taux d'intérêt américains et japonais entraîne une chute du yen qui fait grimper le coût de la vie", a-t-il noté.
Takeshi Shina est un fervent critique de la politique monétaire ultra accommodante de la BoJ.
"La Banque du Japon devrait continuer à augmenter ses taux jusqu'à 1% en plusieurs étapes afin de réduire le degré excessif de stimulation monétaire", a-t-il dit.
Membre du comité financier de la chambre basse du Parlement, Takeshi Shina a souvent auditionné les gouverneurs de la BoJ, y compris Kazuo Ueda, l'actuel patron de la banque centrale japonaise.
Ses propos montrent que les inquiétudes concernant les inconvénients d'un yen faible devraient rester un sujet de débat essentiel chez les responsables politiques et compliquer le calendrier de la prochaine hausse des taux directeurs de la BoJ.
Le taux d'intérêt neutre du Japon, c'est-à-dire celui qui ne stimule ni ne freine la croissance, est d'au moins 1%, a estimé Takeshi Shina. Pousser les taux directeurs jusqu'à ce niveau ne serait pas perçu comme un resserrement monétaire puisqu'il s'agit simplement de réduire les mesures de relance excessives, a-t-il plaidé.
Des hausses progressives de taux au Japon contribueraient également à mettre fin à la baisse du yen dont la faiblesse renchérit les prix des importations, augmente le coût de la vie et maintient la croissance des salaires réels à un faible niveau, fait valoir Takeshi Shina.
"A l'exception d'une poignée de grands industriels, personne au Japon n'est satisfait des niveaux actuels du yen", relève-t-il, ajoutant qu'il continuera à exhorter la BoJ à normaliser progressivement sa politique.
Le dollar a dépassé jeudi les 156 yens JPY= pour la première fois depuis juillet en raison des craintes selon lesquelles la politique du président élu américain Donald Trump pourrait alimenter l'inflation et ralentir le cycle de réduction des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) à plus long terme.
Le yen a perdu environ 30% de sa valeur par rapport au dollar sur une base réelle, pondérée par les échanges, depuis 2020, selon les données de la BoJ.
Takeshi Shina appartient au Parti constitutionnel démocratique du Japon (CDPJ), la principale formation d'opposition du pays, qui a vu son influence croître à la suite des élections législatives du 27 octobre, qui se sont soldées sans majorité absolue au Parlement.
(Reportage Leika Kihara et Takahiko Wada; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)