Israël veut prendre le contrôle de toute la bande de Gaza information fournie par AFP 19/05/2025 à 23:44
Israël a annoncé lundi son intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, où des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des raids israéliens et des camions d'aide sont entrés pour la première fois en plus de deux mois.
"Une goutte d'eau dans l'océan", a réagi le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, après l'entrée selon Israël de cinq camions de l'ONU transportant de l'aide humanitaire, dont de la nourriture pour bébés, dans le territoire palestinien affamé et dévasté par la guerre.
Israël bloque l'aide depuis le 2 mars et a intensifié sa campagne aérienne et terrestre à Gaza ces derniers jours pour pousser le Hamas à libérer les otages israéliens et pour vaincre le mouvement islamiste palestinien.
Les otages ont été enlevés lors d'une attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 contre Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine. En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive destructrice qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien.
Dans une déclaration commune, les dirigeants français Emmanuel Macron, britannique Keir Starmer et canadien Mark Carney ont prévenu qu'ils ne resteraient "pas les bras croisés" face aux "actions scandaleuses" du gouvernement de Benjamin Netanyahu à Gaza.
Dans un communiqué lundi soir, le Premier ministre israélien a fustigé cette condamnation, jugeant qu'ils offraient ainsi une "immense récompense" au Hamas pour la sanglante attaque de 2023.
"Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire" de Gaza, a affirmé Benjamin Netanyahu, après que l'armée a annoncé de "vastes opérations terrestres" dans le petit territoire.
Lundi, la défense civile locale a fait état de la mort de 91 Palestiniens tués à travers la bande de Gaza assiégée par Israël depuis plus de 19 mois.
L'armée israélienne, qui affirme viser des "cibles terroristes", a appelé à l'évacuation de secteurs du sud de Gaza, dont Khan Younès, en vue d'une "offensive sans précédent".
- "Où est l'aide" -
Un habitant de Khan Younès, Mohammad Sarhane, décrit une scène d'"apocalypse", avec des tirs "de partout, des ceintures de feu, des avions de combat et des hélicoptères".
A pied, à vélo ou à bord de charrettes tirées par des ânes, hommes, femmes et enfants ont quitté Khan Younès emportant quelques effets personnels, des bidons d'eau, des couvertures et des bassines, après l'ordre d'évacuation.
Avançant des "raisons diplomatiques", M. Netanyahu a dit qu'Israël autoriserait l'entrée à Gaza d'une "quantité de base de nourriture". Il a expliqué que des pays "amis" lui avaient dit ne plus pouvoir soutenir la poursuite de la guerre si des "images de famine de masse" se répandaient.
Selon Israël, "des dizaines de camions d'aide" seront autorisés à entrer "dans les jours à venir" dans le territoire palestinien.
"C'est de la poudre aux yeux, c'est une façon de dire +oui, on fait rentrer de la nourriture+, mais c'est presque symbolique", a dénoncé Claire Nicolet, de Médecins Sans Frontières (MSF).
"Deux millions de personnes sont affamées" à Gaza, alors que des "tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière", a déploré l'Organisation mondiale de la santé.
"Où est l'aide? Où sont la nourriture et l'eau? Nous mourons, nous avons faim. Mes enfants et moi souffrons chaque jour", s'exclame une déplacée palestinienne Abir Houdhoud à Gaza-ville (nord).
- "Famine" -
Dans une déclaration commune, 22 pays, dont la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, ont exigé d'Israël une "reprise complète de l'aide à Gaza, immédiatement". La population de Gaza "fait face à la famine".
Tout en proclamant son intention de poursuivre la guerre, M. Netanyahu s'est dit ouvert dimanche à un accord incluant la fin de l'offensive militaire, mais sous condition de l'"exil" du Hamas et du "désarmement" du territoire.
Le Hamas, qui avait fait état de négociations indirectes avec Israël à Doha, a jusque-là rejeté de telles exigences, réclamant pour libérer les otages la fin de la guerre et un retrait total israélien de Gaza.
L'attaque du 7-Octobre, qui a déclenché la guerre, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 53.486 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Après 38 ans d'occupation, Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza en 2005. Il y a imposé ensuite un blocus après sa prise par le Hamas en 2007.