Israël ordonne à l'armée d'empêcher l'arrivée à Gaza d'un navire humanitaire information fournie par AFP 08/06/2025 à 21:07
Israël a annoncé dimanche avoir ordonné à l'armée d'empêcher l'arrivée à Gaza d'un navire humanitaire, avec à son bord des militants parmi lesquels l'activiste écologiste suédoise Greta Thunberg, voulant "briser le blocus israélien" du territoire palestinien dévasté par la guerre.
"J'ai donné pour instruction à Tsahal d'empêcher le navire Madleen d'atteindre Gaza" où l'armée est en guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas depuis son attaque sanglante le 7 octobre 2023 en Israël, a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.
"A Greta l'antisémite et à ses compagnons, porte-voix de la propagande du Hamas, je dis clairement: faites demi-tour car vous n'arriverez pas à Gaza", a ajouté M. Katz, cité par un communiqué de son bureau.
Les organisateurs avaient indiqué samedi se rapprocher de Gaza, pour y apporter de l'aide humanitaire et "briser le blocus israélien" imposé au territoire palestinien, menacé de famine selon l'ONU.
Le voilier de la Coalition de la flottille pour la liberté est parti le 1er juin de Sicile en direction de Gaza, avec à son bord douze militants, français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais.
"L'Etat d'Israël ne permettra à personne de briser le blocus maritime de Gaza, dont l'objectif principal est d'empêcher le transfert d'armes au Hamas, une organisation terroriste meurtrière qui détient nos otages et commet des crimes de guerre", a ajouté M. Katz.
En réponse, les militants ont indiqué sur le réseau social X s'attendre à une "interception et une attaque d'Israël à tout moment", et appelé leurs gouvernements à les protéger.
"Nous resterons mobilisés jusqu’à la dernière minute, jusqu’à ce que Israël coupe Internet et les réseaux", a déclaré l'eurodéputée franco-palestinienne de gauche Rima Hassan, jointe à bord par l'AFP.
En 2010, une flottille internationale de huit cargos transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza avait été stoppée par une opération militaire israélienne, qui avait fait dix morts parmi les militants.
- Tirs près d'un centre d'aide -
Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé dimanche la mort d'au moins dix personnes dans des opérations militaires israéliennes depuis l'aube, cinq d'entre elles en allant chercher de l'aide humanitaire.
Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de secours, a fait état de "cinq martyrs et des dizaines de blessés transportés à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud) après que l'occupation a ouvert le feu sur des civils".
"Vers 04H30 du matin, les gens ont commencé à se rassembler dans la zone d'Al-Alam à Rafah, et au bout d'une heure et demie environ, des centaines de personnes ont avancé (vers le site de distribution), mais l’armée a ouvert le feu", a raconté à l'AFP Abdallah Nour al-Din, un habitant.
Interrogée par l'AFP, l'armée a affirmé avoir tiré sur des personnes qui, malgré des sommations, "continuaient d'avancer d'une manière qui mettait en danger les soldats".
L'armée israélienne a par ailleurs accusé dimanche M. Bassal de répandre de fausses informations pour "servir les objectifs de guerre" du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. L'intéressé a démenti auprès de l'AFP.
- Visite d'un tunnel à Gaza -
Une série d'événements chaotiques et meurtriers se sont produits ces derniers jours à proximité des sites de la Fondation Humanitaire de Gaza (GHF), déployée depuis fin mai et soutenue par les Etats-Unis et Israël.
La GHF a affirmé dans un communiqué qu'il n'y avait eu aucun incident ou blessure sur ses "trois sites" dimanche, ajoutant avoir distribué plus d'un million de repas.
Dimanche soir, l'armée israélienne a confirmé avoir identifié le corps de Mohammed Sinouar, considéré comme le chef du Hamas dans la bande de Gaza et tué le 13 mai dans une frappe, dont la mort avait été annoncée par Israël fin mai.
Des "tests ADN et d'autres examens" ont confirmé cette identification, a déclaré le général de brigade Effie Defrin, porte-parole de l'armée, qui a fait visiter à des journalistes le tunnel souterrain sous l'hôpital européen de Khan Younès, dans le sud du territoire, où l'homme a été tué, selon l'armée.
L'attaque du Hamas en Israël du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 55 restent retenues dans la bande de Gaza, dont au moins 31 mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.772 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.