Ali Khamenei affirme que l'Iran ne se rendra jamais
information fournie par AFP 19/06/2025 à 01:06

De la fumée s'élève dans le ciel de Téhéran après des frappes israéliennes, le 18 juin 2025 ( AFP / - )

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a proclamé mercredi que son pays ne se rendrait "jamais" face à Israël, qui a multiplié mercredi les frappes aériennes contre l'Iran avant d'être visé par de nouveaux missiles hypersoniques.

Au sixième jour de guerre, l'ayatollah Khamenei, au pouvoir depuis 1989, a mis en garde les Etats-Unis contre des "dommages irréparables" s'ils intervenaient dans le conflit.

Il réagissait aux menaces du président américain Donald Trump, allié d'Israël, qui a appelé mardi l'Iran "à capituler sans conditions" et entretient le doute sur l'éventualité de frappes américaines contre l'Iran.

"Je vais peut-être le faire, peut-être pas", a-t-il dit mercredi, avant de répéter qu'il n'avait pas encore pris sa décision. Il a également affirmé qu'une chute de l'actuel pouvoir "pourrait arriver".

A Téhéran, de puissantes explosions ont été entendues mercredi et plusieurs panaches de fumée ont été visibles en divers endroits.

Une frappe israélienne a notamment visé les abords du siège de la police, blessant plusieurs policiers, a rapporté l'agence Irna.

Israël a annoncé des frappes contre des "cibles militaires" à Téhéran et sur l'ouest de l'Iran. Selon le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, l'aviation a détruit le "quartier général de la sécurité intérieure" iranienne à Téhéran, qu'il a qualifiée de "principal organe de répression du dictateur iranien".

Le Croissant-Rouge iranien a également annoncé qu'une attaque israélienne avait eu lieu près de son bâtiment.

Téhéran a de son côté annoncé avoir tiré dans la nuit de mardi à mercredi des missiles hypersoniques Fattah contre Israël, comme il l'avait déjà fait la nuit précédente.

Depuis le 13 juin, l'Iran "a tiré environ 400 missiles balistiques" sur Israël, dont 20 ont touché des zones civiles, et 1.000 drones, selon des chiffres fournis par un responsable militaire israélien mercredi soir.

- Cyberattaques -

La télévision d'Etat iranienne a dénoncé "des cyberattaques menées par l'ennemi sioniste", après que des médias iraniens ont indiqué qu'Israël avait brièvement interrompu la diffusion des programmes en y diffusant des images de manifestations de femmes et en appelant la population à descendre dans la rue.

Les autorités iraniennes ont durci mercredi les restrictions imposées à internet, en accusant Israël de "violation" du réseau "à des fins militaires".

Les systèmes de défense aérienne israéliens interceptent des missiles iraniens au-dessus de Tel-Aviv, tôt le 18 juin 2025 ( AFP / Menahem Kahana )

Affirmant disposer de renseignements prouvant que l'Iran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a lancé le 13 juin une attaque massive contre ce pays, frappant des centaines de sites militaires et nucléaires et tuant les plus hauts gradés ainsi que des scientifiques du nucléaire.

L'Iran, qui dément fabriquer l'arme nucléaire, accuse Israël d'avoir cherché à torpiller les négociations qui avaient commencé sur le nucléaire entre Téhéran et Washington.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts, selon un bilan officiel. Les salves de missiles et de drones tirées en riposte par l'Iran, qui ont atteint des zones urbaines, ont fait 24 morts en Israël, selon le gouvernement.

Tir de missile iranien sur Israël, le 18 juin 2025 ( AFP / ATTA KENARE )

"Cette nation ne se rendra jamais (sous la pression) de qui que ce soit", a dit l'ayatollah Khamenei mercredi dans un discours télévisé.

"Les Américains doivent savoir que toute intervention militaire de leur part entraînera assurément des dégâts irréparables", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis ont dit ces derniers jours renforcer leur "dispositif défensif" au Moyen-Orient et envoyer dans la région leur porte-avions Nimitz.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a remercié mercredi Donald Trump pour son "soutien" à la "défense du ciel israélien".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre "toute intervention militaire supplémentaire", qui aurait "des conséquences énormes" pour toute la région.

Un combo de photos créé le 18 juin 2025 montre le président américain Donald Trump (G) levant le poing le 7 mars 2025, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, prononçant un discours à Téhéran le 4 juin 2007(C) et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu prononçant un discours le 27 août 2014 ( AFP / ROBERTO SCHMIDT )

M. Trump a également indiqué avoir écarté une proposition de médiation de son homologue russe Vladimir Poutine, et lui avoir conseillé de s'occuper de "la médiation pour la Russie (et l'Ukraine, ndlr) d'abord".

M. Poutine a pour sa part assuré jeudi que ses "amis iraniens" n'avaient "pas demandé" d'assistance militaire à Moscou. Il a jugé que les frappes "consolident" le pouvoir à Téhéran. Ce dernier a réaffirmé agir en état de "légitime défense".

- Bombe anti-bunker -

A Téhéran, de nombreux magasins ont fermé depuis le début de la guerre et de longues files se sont formées aux abords des stations-service.

Abri improvisé dans un parking, à Tel-Aviv, le 17 juin 2025 ( AFP / Menahem Kahana )

A la frontière avec l'Irak, un chauffeur de camion de 40 ans, parlant sous le pseudonyme de Fattah, a fait état de "pénuries de nourriture, comme le riz, le pain, le sucre ou le thé", soulignant que les stations-service "sont bondées et les prix ont augmenté".

Mercredi avant l'aube, "plus de 50 avions" de combat avaient bombardé "une installation de production de centrifugeuses à Téhéran" et "plusieurs sites de fabrication d'armes dont des installations de production de matières premières et de composants utilisés pour assembler des missiles sol-sol", selon l'armée israélienne.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a confirmé la destruction par Israël de deux bâtiments où "étaient fabriqués des composants de centrifugeuses" à Karaj près de Téhéran.

Carte localisant des frappes et explosions suite aux attaques menées depuis le 13 juin par Israël en Iran, selon des données non exhaustives rapportées par l'ISW ( AFP / Valentina BRESCHI )

Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de la bombe atomique, ce que Téhéran dément, défendant son droit à un programme nucléaire civil.

Israël, qui maintient l'ambiguïté sur sa propre possession de l'arme atomique, détient 90 ogives nucléaires, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Si Donald Trump choisissait d'engager son pays dans le conflit, une puissante bombe anti-bunker américaine, la GBU-57, la seule à même de détruire les installations nucléaires iraniennes profondément enfouies, pourrait constituer une arme stratégique de choix, selon les experts.