Géorgie-Le Parlement élit un président aux positions antioccidentales information fournie par Reuters 14/12/2024 à 13:29
par Felix Light
Le Parlement géorgien a élu samedi à la présidence du pays Mikheil Kavelashvili, connu pour ses positions antioccidentales, alors que d'importantes manifestations ont suivi l'arrêt des négociations d'adhésion du pays à l'Union européenne.
La décision du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, de geler en novembre le processus d'adhésion à l'UE jusqu'en 2028, interrompant ainsi brutalement un objectif inscrit de longue date dans la constitution du pays, a suscité une colère générale en Géorgie, où les sondages d'opinion montrent que la demande d'adhésion est largement plébiscitée.
Mikheil Kavelashvili, ancien joueur de football professionnel, a des opinions très antioccidentales et souvent conspirationnistes. Dans ses discours, il a affirmé cette année que les agences de renseignement occidentales tentaient de pousser la Géorgie à entrer en guerre avec la Russie.
Les présidents géorgiens sont élus par un collège de grands électeurs composé de députés et de représentants des autorités locales. Sur les 225 électeurs présents, 224 ont voté pour Mikheil Kavelashvili, qui était le seul candidat désigné.
Tous les partis d'opposition boycottent le Parlement depuis les élections d'octobre, dont les résultats officiels ont donné près de 54% des voix au parti au pouvoir, le Rêve géorgien, lors d'un scrutin que l'opposition a dénoncé comme étant frauduleux.
Des centaines de manifestants se sont rassemblés sous de légères chutes de neige devant le Parlement avant le vote présidentiel. Certains ont joué au football dans la rue et ont brandi des cartons rouges, en référence à la carrière sportive de Mikheil Kavelashvili.
Le mois dernier, Mikheil Kavelashvili a été désigné par Bidzina Ivanishvili - un ancien premier ministre milliardaire considéré dirigeant de facto le pays - pour accéder à la fonction présidentielle, essentiellement honorifique.
Mikheil Kavelashvili est l'un des dirigeants du Pouvoir du peuple, un groupe dissident antioccidental du parti au pouvoir. Il est l'un des coauteurs d'une loi sur les "agents étrangers" obligeant les organisations recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger à s'enregistrer en tant qu'agents d'influence étrangère, sous peine de lourdes amendes.
LA PRÉSIDENTE SORTANTE PRO-UE COMPTE RESTER
La présidente sortante, Salomé Zourabichvili, critique pro-UE du parti au pouvoir Rêve géorgien, s'est positionnée comme leader du mouvement de protestation et a déclaré qu'elle resterait à son poste après la fin de son mandat. Elle considère que le Parlement est illégitime en raison des fraudes présumées lors des élections d'octobre.
Les partis d'opposition ont déclaré qu'ils continueraient à considérer Salomé Zourabichvili comme la présidente légitime, même après l'investiture de Mikheil Kavelashvili prévue le 29 décembre.
Pendant des décennies, la Géorgie a été vu comme l'un des anciens pays de l'Union soviétique les plus pro-occidentaux et les plus démocratiques. Mais les relations avec l'Occident se sont détériorées cette année, le Rêve géorgien ayant imposé des lois sur les agents étrangers et les droits des LGBT que les critiques jugent d'inspiration russe.
Les pays occidentaux ont tiré la sonnette d'alarme face à l'apparente réorientation de la politique étrangère de la Géorgie et sa dérive autoritaire, l'Union européenne menaçant de sanctionner la répression des manifestations. Dans une vidéo adressée aux Géorgiens et publiée vendredi, le président français Emmanuel Macron a déclaré : "Le rêve européen de la Géorgie ne doit pas s'éteindre."
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, Rêve géorgien s'est efforcé de resserrer les liens avec la Russie, qui a régné sur la Géorgie pendant 200 ans, jusqu'en 1991, continue de soutenir deux régions géorgiennes sécessionnistes et a vaincu la Géorgie lors d'une guerre de cinq jours, en 2008.
(Reportage de Felix Light, version française Benjamin Mallet)