Trêve entre l'Iran et Israël, Netanyahu proclame une "victoire historique"
information fournie par AFP 24/06/2025 à 22:06

Un immeuble détruit à Beersheva, dans le sud d'Israël, après un tir de missile iranien le 24 juin 2025 ( AFP / John Wessels )

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a proclamé mardi soir une "victoire historique" contre l'Iran et son programme nucléaire, après l'entrée en vigueur d'une trêve imposée par le président américain Donald Trump.

L'Iran, dont les installations nucléaires clés ont été bombardées dimanche par les Etats-Unis, a aussi crié "victoire" et réaffirmé ses "droits légitimes" à poursuivre son programme atomique à usage civil, se disant prêt à reprendre langue avec Washington.

"Nous avons obtenu une victoire historique" s'est félicité M. Netanyahu dans une adresse à la Nation, quelques heures après la mise en oeuvre d'un fragile cessez-le-feu.

"Nous avons anéanti le projet nucléaire iranien. Et si quelqu'un en Iran essaie de (le) reconstruire, nous agirons avec la même détermination, avec la même intensité, pour faire échouer toute tentative", a promis le chef du gouvernement israélien.

- "Jamais l'arme atomique" -

"L'Iran n'aura jamais l'arme atomique", a répété M. Netanyahu qui martèle le même message depuis des années.

Le président américain Donald Trump avait affirmé auparavant que le cessez-le-feu qu'il avait annoncé lundi soir entre Israël et l'Iran était "désormais en vigueur".

L'armée israélienne a de fait levé mardi soir les restrictions imposées à sa population pendant le conflit, mais a prévenu, par la voix du chef d'état-major, que "la campagne contre l'Iran n'était pas terminée" et que s'ouvrait un "nouveau chapitre".

Le lieutenant-général Eyal Zamir a dit par ailleurs que son armée allait se reconcentrer sur la bande de Gaza, où elle combat depuis octobre 2023 le Hamas palestinien.

- "Fin de la guerre" -

Téhéran s'est vanté de son côté d'avoir forcé son ennemi juré israélien à "cesser unilatéralement" la guerre.

Son président Massoud Pezeshkian a annoncé en soirée "la fin de la guerre (...) imposée" par Israël et s'est engagé au respect du cessez-le-feu à condition que son adversaire fasse de même.

Israël avait attaqué l'Iran par les airs le 13 juin, accusant une nouvelle fois Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique. La République islamique, qui a toujours nié et défendu son droit au nucléaire civil, a riposté pendant 12 jours en multipliant les tirs de missiles et de drones sur Israël.

Tirs dans le ciel israélien, au-dessus de Netanya la 24 juin 2025 ( AFP / JACK GUEZ )

Mardi matin, les sirènes avaient une nouvelle fois retenti dans le nord d'Israël. Téhéran a démenti avoir tiré des missiles, bien qu'une source militaire israélienne ait déclaré à l'AFP que deux de ces armes avaient été interceptées.

Après avoir menacé de "riposter avec force", Israël a ensuité assuré s'être "retenu" de frapper l'Iran, après un appel téléphonique entre MM. Netanyahu et Trump.

Le président américain avait accusé mardi matin l'Iran et Israël d'avoir violé la trêve.

Donald Trump s'était alors réjoui que les deux pays ennemis depuis un demi-siècle aient accepté son offre de cessez-le-feu "total" devant déboucher sur "la fin officielle" du conflit.

De fait, l’Iran est "prêt à résoudre les différends (…) à la table des négociations" avec les Etats-Unis, a promis mardi le président Pezeshkian.

Et, a-t-il martelé, si son pays ne cherche pas à acquérir la bombe atomique, il fera toujours "valoir ses droits légitimes" à disposer d'un programme nucléaire civil.

Photo satellitaire fournie par Planet Labs PBC et datée du 22 juin 2025, montrant le site nucléaire de Natanz, dans le centre de l'Iran, après des frappes américaines ( Planet Labs PBC / - )

- "Tout le monde est fatigué" -

Avant l'annonce de la trêve Iran-Israël, quatre personnes, selon les secours, avaient été tuées à Beersheva, dans le sud d'Israël, par un tir de missile iranien qui a détruit un immeuble.

Des Iraniens passent devant le portrait d'un chef des Gardiens de la révolution tué par une frappe israélienne, à Téhéran le 23 juin 2025 ( AFP / - )

Tammy Shel, une habitante de Tel-Aviv, a dit mettre tous ses espoirs dans un cessez-le-feu. "Je l'espère vraiment. Tout le monde est fatigué. Nous voulons juste avoir l'esprit en paix. Pour nous, pour les Iraniens, pour les Palestiniens, pour tout le monde dans la région", a-t-elle confié à l'AFP.

Dans le nord de l'Iran, une frappe a fait 16 morts, selon l'agence Isna, là aussi avant le début du cessez-le-feu.

Un scientifique lié au nucléaire a également été tué par une frappe israélienne, selon un média d'Etat.

En Iran, la guerre a fait au moins 610 morts et plus de 4.700 blessés, selon un bilan officiel qui ne recense que les victimes civiles. Les tirs iraniens sur Israël ont fait 28 morts, selon les autorités.

Depuis le 13 juin, Israël a bombardé des centaines de sites militaires et nucléaires iraniens, tuant les plus hauts gradés du pays ainsi que des scientifiques du nucléaire.

Donald Trump avait appelé lundi soir les deux belligérants à pays à "avancer vers la paix", après des tirs iraniens sur la base militaire américaine d'Al-Udeid au Qatar, la plus importante du Moyen-Orient, en représailles aux raids américains menés le week-end sur trois sites nucléaires iraniens.

Il a "remercié l'Iran" d'avoir "prévenu" les Etats-Unis "à temps, ce qui a permis de ne pas perdre de vies et de ne blesser personne".

- Représailles "calibrées" -

Des Israéliens dans un abri, à Tel-Aviv le 24 juin 2025 ( AFP / Menahem Kahana )

Pour Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group, les représailles iraniennes "étaient calibrées et annoncées de manière à ne pas entraîner de victimes américaines, permettant ainsi une sortie de crise pour les deux parties".

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d'évaluer les dégâts infligés aux sites iraniens, auxquels il a réclamé un accès.

Des experts estiment que l'Iran pourrait avoir évacué le matériel nucléaire des sites touchés et Téhéran a affirmé toujours posséder des stocks d'uranium enrichi.

Carte du détroit d'Ormuz au Moyen-Orient ( AFP / Jonathan WALTER )

L'AIEA a dit toutefois n'avoir décelé jusque-là aucun indice d'un "programme systématique" de fabrication d'une bombe atomique.