Etats-Unis et Chine mettent leur guerre commerciale sur pause
information fournie par AFP 12/05/2025 à 17:15

Les Américains Scott Bessent (à gauche), secrétaire au Trésor, et Jamieson Greer, représentant au Commerce, parlent aux journalistes, le 11 mai 2025 à Genève ( AFP / VALENTIN FLAURAUD )

Les Etats-Unis et la Chine ont annoncé lundi la suspension pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane prohibitifs qu'ils s'étaient mutuellement imposés, marquant une désescalade dans leur guerre commerciale qui a ébranlé l'économie mondiale.

Cette suspension prendra effet "d'ici le 14 mai", ont annoncé les deux premières puissances économiques mondiales dans un communiqué commun publié après deux jours de négociations à Genève.

Concrètement, les deux camps acceptent de réduire largement - à 30% pour Washington et 10% pour Pékin- les surtaxes qu'ils s'imposent mutuellement, contre respectivement 145% et 125% après l'escalade initiée par Donald Trump début avril.

La nouvelle a aussitôt rassuré les marchés, Wall Street ouvrant en forte hausse, avec un Dow Jones prenant 2,66%, le Nasdaq 4,16% et le S&P 500 2,97%, suivant la même tendance que les marchés asiatiques et européens.

"Nous avons réalisé une remise à zéro complète avec la Chine, après des discussions productives à Genève. Chacun a accepté de réduire les droits de douane imposés depuis le 2 avril à 10% pour 90 jours et les négociations vont se poursuivre sur les aspects structurels plus larges", a déclaré lundi le président américain devant la presse.

Le total des droits de douane imposés par les Etats-Unis est en fait de 30% car Washington n'a pas remis en question une surtaxe de 20% mise en place avant le mois d'avril.

Donald Trump espère désormais discuter avec son homologue chinois Xi Jinping, "peut-être à la fin de la semaine".

Il s'agit d'un premier signe concret d'apaisement dans cette guerre commerciale qui a fait tanguer les marchés financiers et alimenté des craintes d'inflation et de ralentissement économique, aux Etats-Unis, en Chine et dans le reste du monde.

"Aucun camp ne veut une dissociation" des économies américaine et chinoise, a déclaré depuis Genève le ministre américain des Finances, Scott Bessent, répétant que les barrières douanières instaurées ces derniers mois avaient de facto mis en place un "embargo" sur les échanges entre les deux pays.

La réduction de ces droits de douane est "dans l'intérêt commun du monde", a commenté le ministère chinois du Commerce, saluant des "progrès substantiels" avec Washington.

- "Succès" pour la Chine -

Montage photos du 4 avril 2025 montrant le président américain Donald Trump (g) et son homologue chinois Xi Jinping ( AFP / Mandel NGAN )

Dans un entretien avec la chaîne américaine CNBC lundi, M. Bessent a évoqué une nouvelle réunion sino-américaine "dans les prochaines semaines pour travailler à un accord plus étoffé".

Il a notamment dit vouloir parler avec Pékin des restrictions autres que les droits de douane, appelées "barrières non tarifaires", qui empêchent selon lui les entreprises américaines de prospérer en Chine. Il s'agit traditionnellement de licences ou de quotas d'importation.

"En réalité, la Chine a des droits de douane peu élevés. Ce sont ces barrières non tarifaires, plus insidieuses, qui nuisent aux entreprises américaines qui veulent y faire des affaires", a-t-il déclaré.

Selon l'autre négociateur américain à Genève, le représentant au Commerce Jamieson Greer, Washington et Pékin vont également "travailler de façon constructive" sur la question du fentanyl, un puissant opioïde de synthèse qui fait des ravages aux Etats-Unis, et dont les précurseurs chimiques sont fabriqués en partie en Chine.

Ce sujet est la base légale de la surtaxe de 20% entrée en vigueur avant avril.

L'annonce faite lundi "va au-delà de ce qu'attendaient les marchés", a souligné Zhiwei Zhang, président et économiste en chef de Pinpoint Asset Management, qui y voit un "bon point de départ pour que les deux pays négocient".

"Du point de vue de la Chine, le résultat de ces négociations est un succès, car elle a adopté une position de fermeté face à la menace américaine de droits de douane élevés, et est parvenue à les faire baisser drastiquement sans faire de concessions", a-t-il relevé.

Mais si cette trêve constitue un "progrès important", "il y a encore des efforts à fournir pour parvenir à un accord formel" et la situation "pourrait se dégrader", a mis en garde Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com.

La semaine dernière, M. Trump avait dévoilé un accord commercial avec le Royaume-Uni, le premier conclu depuis qu'il a largement augmenté les droits de douane sur les produits entrant aux Etats-Unis, quelle que soit leur provenance.